Sabrina Mervin (CNRS, CéSor)
Chaque année, des millions de chiites viennent du monde entier pour effectuer le pèlerinage (ziyara) de l’Arba‘in à Karbala, en Irak. Ils célèbrent ainsi la fin du deuil pour Hossein, leur troisième imam, qui connut le martyre lors de la bataille de Karbala, en 680, avec ses proches et ses compagnons. Les rescapés furent capturés et emmenés à Damas pour comparaître devant le calife Yazid qui les fit relâcher ; ils repartirent pour Karbala avec la tête de de Hossein, afin de l’enterrer près de son corps. C’est ce « retour de la tête » que commémore la marche des pèlerins vers Karbala. Ils affluent pendant une dizaine de jours et sont reçus par des groupes (mawkib) qui leur fournissent de multiples services : distribution d’eau, de nourriture, hébergement, soins, etc. Sur les routes, en ville, des représentations rappellent le drame, des processions et des performances le rejouent. Plus on se rapproche des sanctuaires, plus la foule et dense et plus la ferveur religieuse est intense.
Historienne et anthropologue, Sabrina Mervin est directrice de recherche au CNRS, affectée au CéSor (Centre d’études en sciences sociales du religieux). Ses travaux se concentrent sur l’islam chiite contemporain, en particulier les autorités religieuses et les pratiques rituelles, ainsi que sur la transmission du savoir en islam.
Elle développe aussi des projets en anthropologie visuelle et prépare un documentaire sur le pèlerinage de l’Arba‘in à Karbala.
Parmi ses publications :
Sabrina Mervin, Histoire de l'islam. Fondements et doctrines, Flammarion (« Champs »), 2016.
Sabrina Mervin, Yasser Tabbaa et Erick Bonnier (photographies), Najaf, The Gate of Wisdom : History, Heritage and Significance of the Holy City of the Shi’a, Unesco Publishing, 2014.
Sabrina Mervin, Un réformisme chiite. Ulémas et lettrés du Jabal ‘Âmil de la fin de l’Empire ottoman à l’indépendance du Liban, Karthala, 2000.
Intervention en français
Barış Zeren (chercheur indépendant/CETOBAC)
Séance modérée par Denis Hermann (IFEA)
Faruk Bilici [Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), Paris]
Romantique représentant des Lumières en faveur de l’islam, fin politique pour instrumentaliser les sentiments religieux, lecteur assidu des « Ruines » de Volney, de « Mahomet politique » de Savary et de la traduction du Coran de ce « littérateur déiste », Napoléon Bonaparte est tout cela à la fois. Souvent confondu avec ses ambitions politiques orientales et ses sentiments religieux, il aura des idées parfois naïves, souvent ambigües envers l’islam pendant son règne sur l’Empire français et encore plus lors de son exil à l’ile de Sainte-Hélène.
Historien, spécialiste de l'Empire ottoman, Faruk Bilici est professeur émérite des universités à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) à Paris. Ancien membre de l’IFEA et du Centre d’études alexandrines (CeAlex), il travaille essentiellement sur les relations franco-ottomanes (XVIe-XIXe siècles) et l’histoire de l’Égypte ottomane. Il a dirigé la collection Bibliothèque turque chez Actes-Sud/Sindbad et a co-dirigé La Turquie : d'une révolution à l'autre (Hachette, 2013). Ses deux derniers ouvrages portent sur L’expédition d’Egypte, Alexandrie et les Ottomans : l’autre histoire (Alexandrie, Centre d’études alexandrines, 2017) ; Le Canal de Suez et l’empire ottoman (Paris, CNRS Éditions, 2019).
Intervention en français
Illustration: le 23 aout 1789, Napoléon Bonaparte à la fête de Mevlut devant la mosquée Al-Azhar.
Sepideh Parsapajouh (CNRS-CéSor/EHESS)
Event hosted by Orient-Institut Istanbul in Cooperation with the Institut Français d’Études Anatoliennes (IFEA).
In Twelver Shi’ism, as in many other religions, devotion and piety are not merely conceptual and ideational nor are they directed towards a purely abstract God. Twelver Shi’a consists of a set of beliefs and practices dedicated primarily to fourteen holy figures: The Prophet Muhammad, his daughter, Fatimah al-Zahrâ, and the twelve Imams are known as the fourteen infallibles or 14 ma'sum that are woven together and developed by believers in order to lead them to God. Concrete materials such as time, places, objects, and even persons mediate believers’ connections to the holy figures and act as vehicles for devotion. In this presentation, after a short introduction to Twelver Shi’ism, I will address the issue of religious materiality in the life of some Iranian Imamite Shi’a groups on three levels: in their daily lives; in the ceremonies and particular rituals on annual occasions, and finally in pious visits (ziyârat). This presentation is based on the results of field research, the methodology of which I will briefly discuss. It will also be articulated with some anthropological concepts and ideas that my colleagues, Michel Boivin, Annabelle Collinet and Delphine Ortis, and I put forward and discussed in a seminar based on research conducted over four years (2015-2019) at the EHESS (Paris), entitled “Material Culture and Devotional Practices in Shi’a Societies”.
Sepideh Parsapajouh is an anthropologist at the National Center for Scientific Research - Center for
Social Research on Religion (CéSor-EHESS). Her first research focused on an Iranian slum where she
uncovered an order based on various solidarity mechanisms. This research led her to the importance of
value systems and religious beliefs in the balance of a society. Since 2010, she has been studying various
aspects of popular Shi'a religion, individual and collective, intimate and spectacular, in Iran and beyond,
in particular practices related to death, devotion, and the worship of saints and martyrs, faith and acts in
which the material and the spiritual are intertwined. Her publications include: Au coeur d'un bidonville
Iranien, Paris, Karthala-IFRI, 2016 ; Cimetières et tombes dans les mondes musulmans à la croisée des
enjeux religieux, politiques et mémoriels, Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, Université
de Provence, n° 146 (with Mathieu Terrier), 2019 ; Religions en Iran, special issue Archives de sciences
sociales des religions (ASSR), éditions de l’EHESS, n° 189, (with Sabrina Mervin), 2020 ; Bodies and
Artefacts : Relics and other devotional supports in Shia societies in the Indic and Iranian worlds, special
issue of Islamic Material Culture, édition de Brill, n° 1, (with Annabelle Collinet and Michel
Boivin), 20221
Intervention en anglais
Image: Procession participants carrying a standard (Karaj, Ashura, 2007). kindly provided by Sepideh Parsapajouh.
To attend this online lecture, prior registration is necessary: Please send an email specifying your name and academic affiliation to Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. by 14 June 2021 (Monday) at the latest.
For technical reasons, the number of participants is limited. You will be informed about the organizational and technical procedure before the lecture starts.
Le colloque est organisé en collaboration avec l'Ambassade de France en Turquie et l'Institut Français à Ankara
Langues de travail : français et anglais, traduction simultanée en turc
Inscription: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Il y a cent ans, avec l’accord d’Angora, la France initiait un rapprochement diplomatique majeur avec le gouvernement de la Grande Assemblée Nationale de Turquie (GANT), dirigé par son président Mustafa Kemal.
Cet accord, signé le 20 octobre 1921 par le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de la GANT, Yusuf Kemal, et l’envoyé spécial du gouvernement français, Henry Franklin-Bouillon, mit fin immédiatement à l’état de guerre entre les troupes françaises et les forces nationales turques (Kuva-yı Milliye). Il signifiait la renonciation par la France à la « zone d’influence » qu’elle avait obtenue en Anatolie par le traité de Sèvres du 10 août 1920 et inaugurait une dynamique de normalisation des relations entre deux gouvernements souverains.
Séminaire méthodologique pour les jeunes chercheurs organisé par l'aMiMo (en anglais)
Avec la participation du Pr Alessandro Monsutti (Graduate Institute Geneva)
L’équipe de l’axe de recherche “Migrations et Mobilités » de l’Institut Français d’Études Anatoliennes d’Istanbul (IFEA-AMIMO) se propose d’organiser une série de séminaires de méthodologie à destination de jeunes chercheurs (master, doctorat, post-doc) travaillant sur les questions migratoires. Les séminaires auront préférablement lieu à l’Institut Français d’Études Anatoliennes d’Istanbul, sous réserve de l’évolution de la situation sanitaire.
Sous le patronage de l’Institut Français des Etudes Anatoliennes et l’Institut Français de Turquie.
Evénement fermé au public
Organisée par Aida Alavi, Francesco Calzolaio, Florence Somer (IFEA), et Alessia Zubani
Cette journée d’étude aborde l’histoire des échanges scientifiques et technologiques à l’intérieur du monde islamique et entre celui-ci et le reste de l’espace eurasiatique entre 750 et 1750. En partant de l’analyse des échanges opérés par les voyages sur les routes de la Soie (terrestre et maritime), par les conquêtes, les déplacements des manuscrits et les mouvements de traduction qui s’en suivirent, il sera possible d’interroger les modalités de transmission de savoirs. Les interventions des chercheurs invités traiteront à la fois de la circulation des traités scientifiques, des textes littéraires, de l'iconographie, des œuvres d’art et des objets de mesures scientifiques. Les études portant sur les sciences et les techniques permettront de mettre en évidence des moments marquants dans les processus de transmission, traduction et interprétation critique entre sociétés et communautés linguistiques, politiques et religieuses différentes. Tout en mettant le monde islamique au cœur de l’analyse, le projet le considère dans une perspective holistique en connexion avec le reste de l’espace eurasiatique.
Légende de l'illustration: Between circa 1574 and circa 1595
Istanbul University Library, F 1404, fol. 57a (Ṣehinṣename, Book of the King of Kings).
Auteur : Ala ad-Din Mansur-Shirazi
Intervention en anglais
The session will be moderated by Denis Hermann (IFEA) and Yavuz Aykan Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne)
This paper investigates how Sufis conceptualized Ottoman imperial politics and their place in it from the reign of Murad III (1574-1595) until the end of the reign of Ahmed III (1703-1730). In this period, Ottoman state institutions and state-society relations underwent significant changes, resulting ultimately in a new imperial arrangement in which power was dispersed between a greater number of players than before. In this altered social and political landscape, Islamic law became an even more important arbiter of legitimacy than previously, reshaping the Ottoman discourses on rulership as well as the boundaries of acceptable forms of Sufism. But, did these changes also spell the end of imperial mysticism?
This paper will try to answer this question by drawing on Sufi texts from a variety of genres (works of political advice, hagiographies, letters, diaries, etc.) written between the late sixteenth and early eighteenth centuries.
Légende de l'illustration: Tezakir-i Hüdayi, Süleymaniye Kütüphanesi, Fatih MS. 2572
Intervention en français
Erdal Kaynar, Université de Strasbourg
Séance modérée par Denis Hermann (IFEA)
La pensée du mouvement jeune-turc fait partie des aspects les plus étudiés de l’histoire de la fin de l’Empire ottoman. Cependant, des travaux sur la pensée constitutionnaliste jeune-turque sont peu en nombre et porte la tendance d’accoler à celle-ci des interprétations rapides en forme de clichés plutôt que d’en proposer une analyse en profondeur. Cette présentation se concentrera sur les publications d’Ahmed Rıza, idéologue en chef des Jeunes Turcs, pour étudier comment une pensée constitutionnaliste se construisait à travers un nouveau langage socio-politique qui redéfinissait les fondements de l’Empire ottoman. Sans être toujours formulé en termes de théorie politique, cette pensée constitutionnaliste s’articulait à travers une nouvelle perception du monde en mouvement perpétuel dans laquelle l’état de l’Empire ottoman et le règne d’Abdülhamid II en particulier s’expliquait comme un retard à la fois temporel et politique.
Le pouvoir monarchique absolu était ainsi opposé au concept de la nation (millet) qui apparaissait comme le détenteur véritable de la souveraineté politique. Le constitutionnalisme ressortait en conséquence non seulement comme une valeur politique mais comme une nécessité civilisationnelle pour sauver l’Empire ottoman et l’inscrire dans la marche du progrès.
C’est cette nouvelle manière de donner sens à l’état de l’Empire ottoman qui rendait possible la restructuration du système politique ottoman par la révolution de 1908.
Intervention en turc
Mesut Uyar (Université Antalya Bilim)
Discutant: Serhat Güvenç (Université Kadir Has)