Ces quelques extraits tirés des archives conservées à l’IFEA sont, à bien des égards, des jalons précieux de l’histoire de la bibliothèque… et donc de notre institution et de notre métier.
Ils couvrent la période allant des années 1930 jusqu’à nos jours ; les années 1930, 1980 et 1990 étant cependant surreprésentées en raison d’une volonté archivistique accrue liée à la personnalité de certains directeurs.
Photographies prises en 1986 |
Les extraits suivants offrent principalement un aperçu des correspondances entre l’IFEA et différents destinataires. A titre d’exemple, les lettres envoyées et reçues de Tirana, de New-York et de Paris illustrent l’ampleur du réseau bibliothécaire et universitaire international dans lequel s’inscrivait et s’inscrit encore l’Institut.
Les nombreuses lettres échangées - avec la librairie orientaliste Paul Geuthner située à Paris; la librairie allemande du nom de son fondateur İzidor Karon située sur la place de Tünel à Péra (pour en savoir plus sur İzidor Karon, voir un article écrit par Rifat Bali, cliquez ici); la librairie Chamonal spécialisée dans les livres anciens de voyages, de géographie et littérature à Paris; la librairie orientale et américaine Maisonneuve frères Editeurs ou la librairie E. S. Haim située sur l’avenue d’İstiklal ou encore celle d’Hiersemann situé à Leipzig - nous donnent à voir des aspects d’une profession, celle de libraire-éditeur, à travers notamment de nombreuses factures.
Carte du libraire allemand İzidor Karon |
Facture payée à la librairie Klincksieck, 16 janvier 1950 |
Ces échanges épistolaires laissent aussi entrevoir la lente machine procédurielle liée à l’acquisition des ouvrages qui mettaient parfois des mois à parvenir, par bateau, à l’IFEA. Des procédures qui nécessitaient l’échange suivi de plusieurs courriers et le concours de plusieurs intermédiaires.
En outre, ils illustrent l’investissement personnel des différents directeurs de l’IFEA engagés dans la constitution des fonds de la bibliothèque qu’Emmanuel Laroche voulait ‘séléctive et équilibrée’ mais dont il déplorait l’état : ‘j’ai trouvé en arrivant une bibliothèque informe, à moitié classée, dotée d’un fichier mal tenu, bourré de fautes, la risée des collègues avertis’. Pour y remédier, il entreprit lui-même une remise en ordre dont témoigne sa fille : ‘J'avais simplement le souvenir que mon père avait passé ses premières missions en tant que directeur à déplacer un à un tous les livres de la bibliothèque. Les livres avaient été déposés sans ordre au fur et à mesure des acquisitions. Il les a rangés par secteurs et par disciplines. Parallèlement, il a fait refaire tout le fichier par la bibliothécaire Mlle Lucie Kesecioglu. Les fiches étaient en effet classées alphabétiquement par les prénoms des auteurs!’.
Liste des dépenses de la bibliothèque, année 1969 |
Questionnaire rempli par E. Laroche sur le fonctionnement de la bibliothèque
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Par ailleurs, les fonds étaient constitués par achats mais aussi par échanges auxquels donnaient beaucoup d’importance Jean-Louis Bacqué-Grammont à en croire les nombreuses courriers échangés avec l’Institut Français d’Archéologie du Proche-Orient de Damas, le centre Gakkai de Tokyo (Society for Near Eastern Studies), la librairie Skilliter à Londres ou encore avec le centre de documentation du Moyen-Orient de Chicago (The Middle East Documentation Center).
Courrier envoyé à l'Institut des Monument de la Culture à Tirana en vue de procéder à un échange d'ouvrages |
Courrier reçu de la société du Proche Orient du Japon à Tokyo en vue de procéder à un échange d'ouvrages |
Enfin, ces extraits d’archives nous permettent d’obtenir des détails sur la vie quotidienne, voire financière, de la bibliothèque et sur son personnel exclusivement constitué de femmes à commencer par :
- Lucie Kesecioğlu
Née le 28 octobre 1909 à Ankara, Lucie est la première bibliothécaire de l'Institut.
Elle occupa ce poste pendant 45 ans, de 1930 à 1975.
Adresse : Şakayık sokak, Şakayık ap.2, Nişantaşı
(Voir une lettre adressée à Henri Metzger, cinq après son départ de l'IFEA, cliquez ici)
- İro Kaplangı
Née dans une famille rum d'Istanbul, le 3 mai 1936, Iro est recrutée à la bibliothèque de l'Institut en 1977. Ell y travaillera jusqu'au mois de juin 1982, date de son licenciement. Ancienne élève de Notre Dame de Sion.
Adresse : Değirmentepe, Emirgan.
- Ayfer Elbi
Octobre-novembre 1982
- Ayşe Kayadelen
Janvier 1983- au début de l'année 1984
- Çetin Pekiner
28 mars 1984-30 mai 1984
- Ayşın Arayıcı
Septembre 1984 -1990
- Sibel Belce avec l’aide de Véronique François
1990
- Ümit Sevgi Topuz
à partir de 1996 jusqu'à nos jours
- Isabelle Verdier
de 2000 à 2010
Ces bibliothécaires veillent sur les fonds qui s’élevaient à ‘500 ouvrages turcs et le reste en langues diverses’ en 1970, à ‘12 500 volumes de monographies et 340 périodiques’ en 1993 pour atteindre environ 30 000 livres et 700 périodiques au début de l’année 2014.
Des ouvrages d’abord centrés sur l’histoire et l’archéologie turque qui s’élargit à d’autres disciplines et champ d’études dans les années 1970 au service des chercheurs sur place ou de passage, qu’il n’est pas rare de voir nommer ‘les savants’ dans les archives.
Règlement de la bibliothèque écrit par E. Laroche