Ce séminaire croisera ainsi deux approches, deux lectures complémentaires de la ville afin de comprendre dans quelle mesure les questions mémorielles dévoilent les mobilités qui tissent l’espace stambouliote et inversement comment la lecture des mobilités nous conduisent à réinterroger les stratégies mémorielles. D’une part, nous interrogerons la place grandissante des questions mémorielles dans l’espace public turc. La multiplication des travaux scientifiques et des œuvres littéraires contemporaines qui mettent en lumière les mémoires collectives semble en effet constituer un nouveau champ à travers lequel l’espace urbain est réinterprété depuis un point de vue micro, élaboré à l’échelle des quartiers, accordant dès lors une place plus importante aux subjectivités. Seront, alors, privilégiées les études locales qui montrent comment les habitants intériorisent et projettent les dynamiques globales auxquelles ils participent et sont confrontés dans leur espace quotidien. Les sujets qui touchent à l’identité, qui font appel à l’histoire orale, à la mémoire et aux mémoires tiendront donc une place importante dans le sens où ils remettent aussi en question la construction nationale de l’identité et de l’espace en insistant, notamment, sur des quartiers minoritaires qui véhiculent un imaginaire puissant. Cette mise en visibilité d’un imaginaire minoritaire, relayée par des logiques de promotion culturelle et de mise en scène du cosmopolitisme ne détournera, toutefois, pas notre attention sur des sujets occultés tels que les mémoires des travailleurs migrants. D’autre part, les analyses des mobilités urbaines en rendant compte des flux de population (entrées et sorties, internes et externes, volontaires ou forcées), de leur installation et de leur mode d’habiter, des trajectoires résidentielles, des itinéraires journaliers (trajets résidence-lieu de travail), des formes de réappropriation de l’espace (patrimonialisation, gentrification), réinterrogent aussi les pratiques mémorielles. Les mobilités nourrissent, alors, de nouveaux processus de territorialisation à l’échelle non plus du quartier mais de la rue, de l’îlot ou de l’immeuble qui morcellent l’espace préexistant et fondent de nouvelles centralités.
Ce séminaire accordera donc une attention particulière aux aspects méthodologiques des recherches présentées et aux diverses façons de lire et d’interpréter les usages de l’espace stambouliote.
Mercredi 19 janvier, à 18h, à l'IFEA.
Avec l'équipe de recherche de Derya Fırat (Mimar Sinan).
Mercredi 16 février, à 18h, à l'IFEA.
Avec Muriel Girard (EHESS/CETOBAC).
Mercredi 16 mars, à 18h, à l'IFEA.
Avec Ayşegül Cankat (Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble).
Mercredi 20 avril, à 18h, à l'IFEA.
Organisateurs : Cilia Martin et Brian Chauvel