par Youenn Gourain
 « L’évolution du cadre bâti en Turquie, entre risque sismique et rentabilité du secteur de la construction : négociations et controverses sociotechniques », Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère [En ligne], 20 | 2024, mis en ligne le 17 mai 2024, consulté le 20 mai 2024.

http://journals.openedition.org/craup/14570

 

Résumé

Cet article vise à étudier les reconfigurations du risque sismique dans l’espace urbain à Istanbul à partir des manières dont celui-ci est pris en charge par le secteur de la construction. Depuis les séismes de 1999 dans la région de Marmara, de nombreux dispositifs (lois, codes et normes) encadrant les matériaux de construction ont été développés en Turquie comme réponse au risque d’effondrement des bâtiments en cas de secousse sismique. En décrivant les assemblages successifs d’acteurs négociant la prise en charge du risque sismique par les outils de construction, nous examinons les évolutions conjointes entre les risques et l’urbain. Un premier temps de l’analyse est consacré à l’encadrement du secteur de la construction depuis 1999, conduisant à déplacer la responsabilité envers le risque sismique de l’État vers les acteurs de ce secteur : prestataires, audits sur la construction, producteurs de matériaux, ingénieurs en génie civil. Dans un second temps, l’article explique les choix qui conduisent les acteurs de la construction à favoriser la démolition et la reconstruction des bâtiments plutôt que leur réhabilitation. Ce processus engendre des risques économiques et financiers corrélés à la prise en charge du risque d’effondrement des bâtiments. Enfin les interactions entre les risques mettent en évidence des controverses sur le contournement des normes de la construction conduisant parfois à renforcer la vulnérabilité des individus. Nous concluons que l’aléa sismique se retrouve progressivement dilué dans une perception de risques plus complexe mettant en jeu une interdépendance de facteurs multiples renforçant la vulnérabilité du cadre bâti et sur les acteurs.

 

Mots-clés: espace urbain; Istanbul; Turquie; séisme; Marmara; génie civil; secteur de la construction