La base de données Diphuès est un outil de recherche, d’échange et de dialogue mis à disposition de la communauté scientifique internationale en open access. Elle constitue le premier volet de la future plateforme de bases interconnectées Ornamentum, consacrée à l'étude de l'ornement antique.
Responsable : Stéphanie DERWAEL
Conception : CIPL, Stéphanie DERWAEL
https://www.shaaragr.uliege.be/cms/c_11339726/fr/shaaragr-iconotheque-diphues
Présentation
Axe 1 - La tête végétalisée
Axe 2 - Les "Maîtres de la végétation"
Un outil évolutif et participatif
Explorer la base
Ornamentum - Pour une iconologie de l'ornement
Présentation
Le corpus de Diphuès comprend l’ensemble des représentations figurées d’êtres humano-végétaux du monde romain, appréhendées du Ier siècle av. J.-C. au VIe siècle apr. J.-C. et dans leur extension géographique maximale. Ces figures hybrides mêlent des composantes humaines et végétales dans leur anatomie, en différentes proportions et sous différentes formes. Elles sont employées sur des supports de natures et de fonctions variées tels que la mosaïque, la sculpture sur pierre, la peinture murale, le stuc, la terre cuite, le métal, le verre ou encore la broderie ; le décor architectural, les appliques, autels, luminaires, sarcophages, statues, stèles, urnes ou encore pièces de vaisselle. Ces documents se rattachent à des milieux très diversifiés, certains appartenant au domaine public, d’autres au domaine privé, les uns relevant de la sphère politique, honorifique, religieuse ou encore civile, les autres de l’espace domestique ou funéraire.
L’iconothèque Diphuès s’inscrit dans le cadre des travaux de recherche menés par Stéphanie Derwael sur la végétalisation de la figure humaine dans le monde romain. Elle constitue le premier volet d’une plateforme de bases interconnectées consacrée à l’examen de motifs dits « ornementaux » illustrant le rapport à la nature, au divin et à l’altérité dans les sociétés antiques.
Diphuès repose sur un corpus conçu à l’origine comme un outil de travail personnel devant servir les objectifs de recherches spécifiques. Cet outil a connu plusieurs modifications majeures, dans sa structure et sa finalité, afin de pouvoir servir à la production d’un savoir renouvelé. Son application réseau est considérée comme l’ultime étape dans le processus de communication de la recherche et s’inscrit dans une dynamique plus large de partage des savoirs et des ressources.
L’iconothèque Diphuès s’articule autour de deux projets de recherche :
Axe 1 - La tête végétalisée (mise en ligne en 2024)
Axe 2 - Les Maîtres de la végétation (en cours d’élaboration – mise en ligne progressive dès 2025)
Axe 1 - La tête végétalisée (mise en ligne en 2024)
Le motif de la tête végétalisée a fait l’objet d’une thèse de doctorat, réalisée par Stéphanie Derwael en cotutelle entre l’Université de Liège (sous la direction de Thomas Morard) et Sorbonne Université (sous la direction de Gilles Sauron), et soutenue en 2016 en présence des professeur.e.s Vinciane Pirenne Delforge, Patrizio Pensabene, François Baratte et Michel Fuchs, membres du jury. La monographie issue de ce travail, La tête végétalisée dans les décors romains. Origine d’un thème ornemental, paraîtra aux éditions Brepols à la fin de l’année 2023. Cette recherche a permis de mettre en évidence les mécanismes plastiques, idéologiques et socio-économiques ayant présidé à la formation de la tête végétalisée et permis sa diffusion ainsi que le maintien de son utilisation dans le monde romain, afin d’aboutir à la restitution de la biographie culturelle du motif.
Axe 2 - Les "Maîtres de la végétation" (en cours d’élaboration – mise en ligne progressive dès 2025)
Le projet de recherche post-doctoral actuellement mené par Stéphanie Derwael dans le cadre de son mandat de Chargée de Recherches du F.R.S.-FNRS s’intitule L’hybride humano-végétal dans les décors et l’imaginaire romains. « Maître de la végétation » ou figure de l’altérité garante de l’ordre cosmique ? Les figures humano-végétales du monde romain y sont étudiées à la fois sous l’angle de leur végétalisation, et sous celui de leur hybridité, jusqu’à présent ignorée. Il s’agit de forces subversives de diverses natures, évoluant aux marges de l’espace civique et garantissant, par l’expérience de la transgression, la stabilité de l’ordre cosmique, concept central de l’idéologie romaine. Cette lecture inédite du motif repose sur une triple approche : l’examen formel et syntaxique des images (prises en compte, notamment, dans leur dimension spatiale), l’analyse de leurs contextes d’utilisation et des milieux socio-culturels dans lesquels elles apparaissent, et l’étude du sentiment de la nature. Cette recherche, qui s’appuie sur la confrontation des sources littéraires et matérielles, éclaire sous un angle nouveau le langage visuel des Romains, et soulève une problématique historique dont on mesure pleinement l’actualité. Celle du rapport de l’homme à la nature, du rapport entre nature et culture.
Un outil évolutif et participatif
Pour toute demande ou tout complément d’information sur l’iconothèque Diphuès, ou pour signaler de nouveaux documents pouvant éventuellement être intégrés à la base de données, veuillez contacter Stéphanie Derwael.
Explorer la base
Diphuès est une base relationnelle, structure permettant d’associer une table principale, reprenant les unités de décors, et deux tables connexes consacrées aux deux grands types de figures humano-végétales, les têtes feuillues et les êtres au corps de feuillage. Dans la table principale, chaque enregistrement correspond à un élément de décor intégrant une ou plusieurs figures végétalisées dans son iconographie. Les formes humano-végétales y sont réparties en divers groupes correspondant chacun à une combinaison typologique particulière. Dans les tables connexes, chaque enregistrement correspond à une ou plusieurs figure(s) végétalisée(s) provenant d’un décor de la table principale et caractérisée(s) par la combinaison de divers types formels.
L’atout majeur de Diphuès réside dans la confrontation raisonnée des différents supports et contextes. Les figures humano-végétales sont appréhendées dans leur globalité, en tant qu’éléments de la culture visuelle des Romains. La base offre ainsi la possibilité de comparer, par exemple, les pièces de vaisselle de terre cuite, de pierre et de métal, ou encore les frises des supports peints, mosaïqués, stuqués, moulés ou sculptés. La catégorie « décor dans le décor », précisée dans les données liées au contexte, permet en outre d’intégrer les motifs illusionnistes dans l’analyse comparative.
L’interrogation de la base de données se fait par cases à cocher pour les typologies et par menus déroulants pour le site, la province romaine, le contexte, le support et la technique. La recherche par mots-clés permet quant à elle d’interroger l’ensemble des données, tandis qu’une exploration non ciblée permet de parcourir l’ensemble des fiches de la base. L’interface de recherche fait de Diphuès une base de données polyvalente permettant de répondre aux diverses questions d’ordre formel, syntaxique, matériel, fonctionnel ou géographique que pourrait se poser toute personne confrontée à une figure humano-végétale. Une documentation annexe, consultable ou téléchargeable au format PDF, complète par ailleurs la base de données. Elle comprend des planches et tableaux typologiques, la liste bibliographique, ainsi qu’une carte géographique permettant de situer les sites archéologiques mentionnés. Cette dernière évoluera vers une carte interactive renvoyant directement aux entrées de la base de données.
Chaque entrée de table est complétée par des documents numérisés de différentes natures, illustrant le motif et son utilisation dans le décor. Ceux-ci se présentent sous la forme de vignettes pouvant être agrandies en plein écran. Les images mises en ligne sont des outils de travail, affichés en basse résolution et ne pouvant faire l’objet d’une quelconque publication sans l’autorisation des auteurs ou instances muséales propriétaires des clichés.
L’application réseau de la version relationnelle de Diphuès est prévue pour début 2025. La table Tête repose en effet sur une recherche aboutie et publiée, tandis que la table Buste constitue l’outil de travail d’une recherche inédite en cours. En attendant cette publication, une version simplifiée sera mise en ligne début 2024 pour permettre la consultation des fiches relatives aux têtes végétalisées.
Pour consulter la base de données, suivez ce lien :
DIPHUÈS – ICONOTHÈQUE DE L’HYBRIDE HUMANO-VÉGÉTAL.
Ornamentum - Pour une iconologie de l'ornement
La plateforme Ornamentum est consacrée à l’étude de l’ornement antique, appréhendé en tant que document historique et donnée anthropologique à part entière. Les motifs ornementaux inondent le répertoire iconographique gréco-romain, mais ils se voient presque systématiquement délaissés par la recherche, victimes de la valeur strictement décorative qu’on leur prête trop souvent. L’ornement remplit, souligne, encadre, se répète, il décore mais semble étranger à la narrativité et n’avoir aucune incidence sur la fonctionnalité du monument décoré. A travers le prisme du regard romain, il apparaît pourtant comme une composante essentielle de la culture visuelle. Il est un équipement nécessaire au bon fonctionnement de l’objet ou du monument ; il est ce qui convient. Son choix ne dépend pas du matériau, mais bien de la nature et des fonctions de son support. La composition ornementale hiérarchise, renforce, rythme, oriente le discours artistique et participe à définir un style. Le choix des motifs, des thèmes, des formes, des couleurs et de leur disposition participe du message général d’un décor, mais il révèle aussi les structures souvent inconscientes de la composition, elles-mêmes révélatrices d’une conception du monde et de la réalité, du Kunstwollen d’une société. L’ornement doit donc être abordé au même titre que n’importe quelle composante d’une représentation : il faut décrire, établir des séries typologiques et syntaxiques, mais aussi remettre en contexte, car l’approche formaliste et la constitution de grammaires ne suffisent pas à la reconstitution sémantique.
La pensée antique fonctionnant par rassemblement de réalités, il faut décomposer l’image en autant de sèmes et de schèmes (unités de sens minimales) permettant de reconstituer les réseaux de sens entourant les motifs afin de les comparer aux données transmises par l’analyse des textes, gestes et environnements (matériel, paysager et humain) issus des mêmes milieux socio-culturels, pour identifier des équivalences formelles et structurales entre ces différents modes d’expression. Dans cette optique, la démarche sérielle trans- et multimédiale de l’iconographie – pensée sur le temps long de l’Antiquité romaine et à l’échelle de l’extension maximale du territoire, entre perspectives globales et locales – est l’étape préliminaire indispensable de l’analyse socioculturelle de la représentation. La plateforme Ornamentum constituera donc un outil fondamental de l’étude iconographique, en permettant de préciser la place de l'ornement dans la culture visuelle des Romains sur le plan de la forme (jeux d'échanges et d'influences entre les différents corps d'artisans), de la sémiotique (message véhiculé par le langage iconographique) et de la société (l’ornement en tant que marqueur culturel révélateur d'un système de pensée).
Pour répondre à une certaine cohérence thématique, Ornamentum accueillera dans un premier temps les corpus de motifs se rapportant à l’imaginaire de la nature et de l’altérité. Diphuès, consacrée aux formes hybrides humano-végétales, en constitue le premier volet. Le second se rapportera aux différents types d’ornements végétaux. Les formes géométriques et nombreuses autres ramifications de cet ensemble viendront progressivement enrichir la plateforme. Ce projet au long cours, dont les corpus seront régulièrement actualisés, servira ainsi de socle à la création d’un laboratoire de recherche consacré à l’ornement, dans lequel étudiants, doctorants et post-doctorants contribueront au renouvellement et au perfectionnement de l’approche iconologique, pour une meilleure connaissance des sociétés antiques.