Anatoli est une publication annuelle consacrée à l’étude pluridisciplinaire de l’espace qui s’étend de l’Adriatique à la Caspienne. Elle s’intéresse aux cultures – grecque, latine, slave, turque, persane, géorgienne, arménienne, juive, etc. – qui l’ont habité et façonné. Les territoires de cet espace, aujourd’hui fragmenté, furent jadis unifiés, au moins partiellement, par des pouvoirs impériaux, dont le dernier fut l’Empire ottoman. Ils en gardent bien des traits communs, souvent sous forme latente. L’importance de cet espace pour l’Union européenne est une évidence.
La Turquie, pays d’émigration vers l’Europe, est devenue une terre d’immigration et de transit. Istanbul a ainsi vu sa population tripler durant ces trente dernières années, et de plus en plus de « maisons de la nuit », construites illégalement pendant la nuit, sont apparues pour abriter les migrants. Avec la chute du rideau de fer, l’Asie centrale et le sud Caucase sont devenus des régions de migrations de voisinage, compte tenu des proximités linguistiques et religieuses. Si les frontières turques se sont donc ouvertes à l’Est, elles se sont refermées à l’Ouest, afin d’éviter que les migrants en transit en Turquie ne parviennent à rejoindre la Grèce. Le fleuve Evros, qui sépare les deux pays, est ainsi devenu un enjeu de litiges et la Grèce a menacé l’Union européenne de construire un mur si celle-ci ne l’aidait pas davantage à contrôler ses frontières.
C’est l’ensemble de ces migrations et nouvelles mobilités, ainsi que les questions qu’elles posent, qui sont abordés dans ce dossier de l’édition 2012 d’Anatoli.