Adnan Çelik, et Béatrice Garapon. « De l’exil à la représentation parlementaire : une nouvelle génération d’élites kurdes en politique (1946-1955) », Anatoli 8, p. 205-232.
Anatoli est une publication annuelle consacrée à l’étude pluridisciplinaire de l’espace qui s’étend de l’Adriatique à la Caspienne. Elle s’intéresse aux cultures – grecque, latine, slave, turque, persane, géorgienne, arménienne, juive, etc. – qui l’ont habité et façonné. Les territoires de cet espace, aujourd’hui fragmenté, furent jadis unifiés, au moins partiellement, par des pouvoirs impériaux, dont le dernier fut l’Empire ottoman. Ils en gardent bien des traits communs, souvent sous forme latente. L’importance de cet espace pour l’Union européenne est une évidence.
Ce numéro s’intéresse à la question kurde, dont la population est répartie sur les territoires turc, iranien, irakien et syrien. La « cause kurde », exprimée pacifiquement ou par le recours à la lutte armée, consiste à faire accepter le groupe kurde comme un sujet à part entière de l’histoire, décidant lui-même de son statut juridique, administratif et politique. Les événements récents au Moyen-Orient ont eu pour conséquence l’affaiblissement de Bagdad et de Damas, et l’effacement de la frontière qui sépare les Kurdes irakiens et syriens. Mais l’Iran et la Turquie comptent bien contrôler et rester des acteurs majeurs de la question kurde aujourd’hui.
Les vagues de mobilisations successives depuis la fin des années 1950 semblent avoir doté la « cause kurde » d’une réelle légitimité ; elles ont permis une transmission des expériences et des modes d’action, ainsi qu’un rajeunissement et une féminisation de la contestation. Mais les Kurdes pourront-ils pour autant survivre dans un environnement à tel point brutalisé ?