Adeline Braux, Moscou/Caucase : migrations et diasporas dans l’espace post-soviétique. Trajectoires sud-caucasiennes en Fédération de Russie, Paris : Petra, 2015 346 p. ISBN: 9782847431032
Lorsque l'Union soviétique disparaît, nombre d'observateurs s'interrogent sur un possible déferlement des masses ex-soviétiques en Europe et aux États-Unis, sans prendre en compte un phénomène pourtant bien connu en Occident : l'immigration. La Russie est ainsi très rapidement devenue un grand pays d'accueil pour nombre d'anciens citoyens soviétiques en raison de l'instabilité politique et socio-économique dans l'ex-URSS.
L'immigration des ressortissants des pays du Caucase du Sud (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie) peut désormais être étudiée sur près d'un quart de siècle. Elle repose notamment sur des réseaux dont certains ont été constitués bien avant la disparition de l'URSS puis prolongés par les migrations intervenues après 1991. Perçue au départ comme une migration temporaire, masculine, elle s'est transformée en une migration d'installation. Dès lors, bien que le sentiment de contingence anime les esprits et influe sur les comportements, comment peut-on penser le durable et ses conséquences?
Le double cadre de référence induit par la migration façonne non seulement les communautés concernées mais également la société russe et, au-delà, les relations régionales. Le phénomène migratoire dans l'espace post-soviétique apparaît en effet comme un puissant vecteur d'intégration et de régionalisation qui contribue à maintenir des liens, le plus souvent informels, entre ancien centre et anciennes périphéries, et à jeter des ponts inexistants auparavant.