Animé par Gilles Authier, pensionnaire scientifique de l’Institut Français d'Études Anatoliennes de 2011 à 2013, ce séminaire aborde un large éventail de sujets d'actualité touchant au Caucase et à ses diasporas dans les divers domaines des sciences de l'homme et de la société.

Programme 2013

 

Programme 2012

28/11 Alain Messaoudi (EPHE) (et 02/12 à Istanbul) Science et imaginaire français du monde arabe (Pour une approche critique de la critique de l'Orientalisme par E. Said)
06/01 Aude Merlin (CEVIPOL - ULB) De la politique européenne de voisinage au Partenariat oriental
16/03 Samra Azarnouch (Collège de France) Zoroastrisme et culte du feu
avril Yoann Morvan (chercheur associé IFEA) Les méga-projets transformant la structure urbaine d'Istanbul (3ème pont et canal)
mai Stanislas Brézet (sous réserve) Lois et législation en France
01/06 Benjamin Lellouch (Paris VIII) Que signifait « être Turc » au XVIème siècle dans l'empire ottoman ?
09/09 Edith Ybert (CETOBAC) : Adolphe Bergé et sa collaboration avec Akhundov. (Bakou)
12/09 Edith Ybert (CETOBAC) : Adolphe Bergé, un franco-russe à Tbilissi (Tbilissi)
01/11 et 07/11 Silvia Serrano (CNRS/Université d'Auvergne): Démocratie et désécularisation en Transcaucasie. (Tbilissi et Bakou)
27/11 (à confirmer) et 14/12 : Régis Genté (correspondant de RFI) :
05/12 Étienne Peyrat (doctorant CRPH) : La foire commerciale de Bakou (1922-1929) : un "avant-poste" du communisme en Orient ? (Bakou)
13/12 Étienne Peyrat (doctorant CRPH) : Quelle histoire pour les frontières de l’Union soviétique ? Le cas de la frontière transcaucasienne (1920-1939) (Tbilissi)
 
 

Alain Messaoudi (EPHE) :

« Science et imaginaire français du monde arabe (Pour une approche critique de la critique de l'Orientalisme par E. Said) »

Depuis les décolonisations et l’essai d’Edward Said, les travaux savants et les représentations artistiques « orientalistes » ont été l’objet d’une critique radicale : en créant un Orient fictif, ils auraient légitimé sa prise de contrôle par les puissances impériales. Un panorama historique de la production française permet de nuancer ce constat sévère : savoirs et représentations sur le monde arabe n’ont pas toujours eu partie liée avec l’entreprise coloniale. C’est ainsi avec un a priori favorable que la plus grande partie des savants et des artistes français s’intéressent au monde arabe dans le premier tiers du XIXe siècle. Définir quelques grandes périodes et une typologie des rapports des Français à l’Orient arabe, permet de mieux comprendre l’état actuel de leurs relations.

Aude Merlin (Université Libre de Bruxelles) :

« De la politique européenne de voisinage au Partenariat oriental »

Les élargissements de 2004 et 2007, repoussant les frontières de l'UE vers l'Est, ont suscité un intérêt spécifique dans l'UE pour les régions se trouvant sur ses marges orientales. C'est dans ce contexte qu'est née la PEV, politique européenne de voisinage, qui englobait non seulement les 6 Etats du voisinage partagé euro-russe (Biélorussie, Ukraine, Moldavie, auxquelles ont été ajoutés en 2005 les 3 Etats sud-caucasiens, Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie), mais aussi 10 États d'Afrique du Nord et du Proche Orient, dans le sillage de la politique euro-méditerranéenne. Cependant, après le conflit russo-géorgien d'août 2008, la PEV a été scindée, et le Partenariat oriental, né d'une initiative polono-suédoise, s'est concentré sur la politique européenne vis-à-vis du voisinage oriental. Alors que les trajectoires de ces 6 Etats sont à bien des égards différentes, nous tenterons de mettre en lumière les articulations possibles du Partenariat oriental avec les 3 Etats du Caucase du Sud en particulier. Quels sont les enjeux principaux du partenariat ? Quels sont les résultats ? Quelles sont les perceptions et les attentes dans les pays concernés ?

Yoann Morvan (Observatoire Urbain d'Istanbul, IFEA) :

« Méga-projets et redéploiement urbain : Istanbul à l'heure du 3è pont sur le Bosphore et du projet de canal »

Profondément marquée par l'ouverture des deux premiers ponts (1973 puis 1988), la structure urbaine de la mégapole stambouliote va connaitre dans les années à venir un redéploiement sans précédent. Celui-ci catalyse le développement de la construction, fer de lance d'une économie turque en plein essor (+10% en 2010). En effet, l'un des enjeux majeurs de ces méga-projets, derrière le paravent du problème réel des transports, est la rente foncière générée par ces nouvelles infrastructures. Les plus-values en perspective mettent en lumière les complémentarités entre promotions immobilières privées et publiques. L'une et l'autre valorisent certains segments de la société urbaine stambouliote, au détriment de couches défavorisées qui subissent de plein fouet ces dynamiques économico-populationnelles. Les nombreuses évictions forcées, partiellement afférentes à ces méga-projets, constituent la face sombre de cette croissance si spectaculaire.

Samra Azaranouch (Collège de France) : 

« Zoroastrisme et culte du feu »

  • Données archéologiques et iconographiques sur les autels du feu.
  • Témoignages sur les temples du feu dans le monde iranien.
  • La divinité Adur dans les textes mazdéens.
  • Description du déroulement du rituel, le rôle du feu.
  • Les trois grands feux sassanides, leur importance idéologique et religieuse.
  • D’où vient le toponyme Adurbâdagân ?
  • Survivance du culte aujourd'hui.

Francis Richard (BULAC) : 

« L’école de Tabriz aux 15ème et dans la première moitié du 16ème siècle: tradition et innovation. »

Tandis que les écoles de Herat ou de Shiraz du XVème siècle ont fait l’objet de nombreuses études, celles de Tabriz et de l’Iran occidental (Azerbaïdjan du Sud) avant l’accession de Shah Tahmasb sur le trône safavide ont été souvent négligées par les historiens du livre et les historiens de l’art. C’est pourtant à Tabriz qu’était née l’écriture Nasta’liq. Un inventaire des manuscrits copiés à Tabriz ou dans sa région reste à faire. Le nombre de manuscrits à peintures conservé est relativement modeste. La défaite de 1473 des Aq-qoyunlu, sous le règne d’Uzun Hasan (1453-1478), face aux Ottomans a probablement causé le départ vers Istanbul de beaucoup de manuscrits précieux ou enluminés dans une partie était l’héritage de Jahân Shâh et des bibliothèques de Bagdad.

Il est intéressant de voir se reconstituer après 1473 des ateliers et une bibliothèque spécifique à Tabriz. On en a la preuve par les échanges entre les cours de Herat et de Tabriz et par l’existence des albums célèbres de modèles aujourd’hui au palais de Topkapi et jadis conservés à Tabriz. On connaît de très beaux exemples d’art du livre à Tabriz entre 1480 et 1502. L’arrivée du pouvoir safavide voit le continuation des ateliers de Tabriz sous Ismaïl et la constitution d’un style nouveau, synthèse de différentes influences. Après Tchâdirân, sous le règne de Tahmasb l’atelier de Tabriz connaît une éclat remarquable jusque vers 1540. Une multitude d’artistes créent des manuscrits aujourd’hui célèbres dans le monde entier. La plupart sont aujourd’hui conservés en dehors de l’Azerbaïdjan iranien. Pour toute cette période il est intéressant de mettre en regard activité littéraire, vitalité des écoles calligraphiques, art de l’enluminure et de la peinture. Une certaine continuité peut être observée malgré des circonstances politiques assez mouvementées. On peut sans doute, pour cette époque, parler, plutôt que d’une école unique, d’écoles d’Iran occidental dans le domaine de l’art du livre.

Benjamin Lellouch (Paris VIII) :

« Que signifiait "être Turc" dans l'empire ottoman au XVIe siècle? »

On sait depuis souvent que le mot "Turc" était chargé, dans le monde ottoman aux époques pré-nationales (XVe-XIXe siècles), d'une valeur négative: le mot "Turc" désignait généralement un homme de la campagne, rustre, rétif à l'ordre et à la civilisation, et même souvent fauteur de troubles... C'est le nationalisme turc qui, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, a réhabilité le terme "Turc". Mais l'on ignore souvent qu'en Syrie et en Egypte, passées sous l'autorité ottomane au début du XVIe siècle, le mot était chargé d'une valeur positive. Le mot "Turc", souvent synonyme d'"Ottoman", désignait le plus souvent un membre des élites militaires de ces provinces. Mon exposé précisera les usages du terme dans les différentes provinces de l'empire au XVIe siècle et cherchera à expliquer le paradoxe d'usages aussi différents du même terme. Il insistera donc sur le caractère fluide, labile de l'identité turque.

Edith Ybert

« Adolphe Bergé et sa collaboration avec Akhundov. »

L’orientaliste Adolphe Bergé (1828-1886)a apporté une contribution majeure aux études iraniennes et caucasiennes. Il déploya son activité depuis Tbilissi, y assurant à partir de 1864 la présidence de la Commission archéographique et y éditant les Actes de la Commission archéographique du Caucase (dix premiers tomes, 1867-1885). Bergé mentionne à plusieurs reprises l’apport de Mirza Feth-Ali (Akhundzade) à ses travaux : traduction des textes orientaux présentés dans les Actes, collecte des poésies en langue azérie et communication de renseignements sur leurs auteurs. Bergé publia les Poésies des bardes de Transcaucasie du xviiie et du xixe siècles, dans le dialecte de l’Azerbaïdjan, à Leipzig en 1868 mais ne parvint pas à les faire éditer en Russie. Il s’intéressa aussi à la traduction en français d’une des comédies d’Akhundov. C’est leur collaboration, dans le contexte impérial russe, qu’il s’agira de présenter.