Naples , troisième ville d’Italie, peine à se dégager des représentations négatives qui l’ont longtemps caractérisée. Capitale du Mezzogiorno, elle concentre en effet les difficultés d’un sud italien en mal-développement : un taux de chômage particulièrement élevé, une criminalité organisée en redéploiement, confèrent à la ville un caractère a priori peu attractif. Dans ce contexte, comment penser et expliquer l’existence d’un flux migratoire dirigé sur Naples, ville aux marges des grands processus de concentration contemporains ?

En effet, si elle n’est que la septième ville d’Italie pour sa présence étrangère, Naples n’en est pas moins un lieu de passage de toute première importance dans les trajectoires des individus migrants, mais le fait que cette mobilité soit difficilement quantifiable contribue à sous-estimer leur présence dans la ville.

D’autre part, cette mobilité est souvent interprétée comme une contrainte : la métropole napolitaine, tout comme le Mezzogiorno en général, serait la porte d’entrée de l’Europe et Naples, plaque tournante de l’immigration, constituerait un lieu de refuge provisoire pour des oiseaux de passage en attente d’un permis de séjour (Piore, 1979).
Ainsi les flux migratoires convergeant sur Naples, épiphénomènes des dynamiques migratoires contemporaines, seraient peu dignes d’étude car les migrants n’y laisseraient que peu de traces. Les périphéries dégradées de Pianura et Ponticelli, lieux d’errance et de déshérence, témoignent de cette interprétation. Interprétation univoque et assez classique des mobilités qui doit être dépassée, car si cette particularité de la métropole napolitaine existe bel et bien, elle masque d’autres aspects de la réalité migratoire.

En outre, cette interprétation témoigne d’une incapacité à imaginer que la ville puisse attirer les migrants : Naples n’a-t-elle pas représenté pendant des décennies l’archétype de la ville qu’on quittait ?

Et pourtant, il semble que Naples, ville poreuse , soit en phase d’être transformée par cette présence : on assiste ainsi à la constitution dans le quartier de la gare et dans certaines périphéries de la ville, d’un dispositif économique transnational qui a entraîné l’ouverture de nombreux commerces communautaires et de vente en gros (Chinois, Sri Lankais, Maghrébins, Sénégalais) et qui attire des migrants, parmi lesquels des commerçants ambulants (Marocains, Sénégalais, Nigérians, Polonais et Ukrainiens), des immigrés en Italie venus faire leurs emplettes et surtout des circulants transnationaux (Algériens, Marocains, Tunisiens). Pour ces migrants, la ville de Naples est une étape. En mobilité, ils construisent des réseaux et circulent entre différents pôles, dont les localisations varient selon les populations considérées, et nous invitent à rechercher de nouveaux instruments d’analyse des flux.

Il convient donc de prendre en compte les capacités des individus migrants à développer leurs propres initiatives et à créer de l’emploi , mais aussi à fédérer des territoires a priori peu connectés les uns aux autres. En effet, pour les populations étudiées, il semble bien que la mobilité constitue un atout que l’autochtone ne possède pas toujours, puisqu’elle réserve la possibilité de tirer profit simultanément de plusieurs espaces. Mieux, par le truchement de la circulation, il y a construction et mise en réseaux de territoires discontinus. La ville de Naples s’intègre ainsi à un archipel de lieux stratégiques dans les circulations d’hommes, d’informations et de marchandises.
Plus généralement, l’objectif est d’engager une réflexion sur le rôle des métropoles européennes secondaires dans la structuration d’espaces et de réseaux migratoires transnationaux. L’exemple napolitain invite en effet à réfléchir sur la place de ces métropoles secondaires méditerranéennes -qui ne sont pas des grandes métropoles polarisatrices, centres de décision importants au cœur de l’économie monde- dans les dynamiques migratoires actuelles. Leur position marginale —souvent de charnière, voire de frontière— leur confère-t-elle un rôle particulier pour les migrants ?

Une de nos hypothèses est que les migrants, en intégrant ces villes à des réseaux urbains, leur rendent une centralité (et peut-être même une modernité ?) en polarisant des flux sur ces villes et en exploitant les ressources offertes par leurs territoires. En d’autres termes, “ ce qui apparaît à l’échelle locale comme minorité se trouve à l’échelle des réseaux comme centralité, une centralité diverse de celle historique et locale, qui pourtant appartient à la dynamique interne de la ville ” (Tarrius, 1992).

Questionnements

Les questionnements présents dans ce travail s’articulent autour des thématiques suivantes :

  • Mobilité : la mobilité est-elle nécessairement une contrainte, ou ne peut-elle pas correspondre à des stratégies délibérément choisies ? L’étude des mobilités nécessite d’envisager macro et micro-échelles, d’effectuer des télescopages dans l’observation (Viard, 1994, pp. 8-9). En effet, pour les populations que nous étudions cette mobilité est à la fois locale, urbaine (ancrages territoriaux dans l’aire métropolitaine de Naples) et globale, transméditerranénne (des réseaux fluides en construction et en expansion entre le Maghreb et l’Europe méridionale).
  • Marginalité : la marginalité spatiale (les espaces étudiés, quartiers en déshérence et villes de périphérie, se situent principalement aux marges des centres-villes) équivaut-elle nécessairement à une marginalité sociale ? Ce qui est perçu comme marginal par certains (la ville de Naples et ses caractéristiques socio-économiques, les quartiers étudiés) peut-il être central pour d’autres ? Ce type de questionnement nécessite une remise en question de nos hiérarchies et probablement de substituer le couple traditionnel centre/périphérie au profit d’une multipolarité des lieux de la migration (Tarrius, 2000).
  • Dimension marchande : Pourquoi la dimension marchande domine-t-elle à Naples ? En d’autres termes, de quelles manières la ville devient/redevient-elle un pôle marchand important dans un système de mouvement de personnes, de marchandises et de valeurs (matérielles et immatérielles) ? Il s’agit ici de s’interroger sur les atouts, notamment économiques, que peut offrir la ville aux migrants mais aussi de se demander dans quelles mesures les migrants, par le biais d’une forte structuration communautaire, parviennent à transformer la ville. En d’autres termes, quelle est la part des structures d’opportunités (notamment un tissu socio-économique particulier, basé sur des pratiques souvent informelles), et quelle est celle des ressources communautaires dans la constitution d’une réalité marchande à Naples ? Dans le choix d’une localisation, le lieu tient-il une place prépondérante, ou bien y a-t-il équivalence des lieux , comme la fluidité des réseaux migratoires pourrait le laisser croire ?
  • Territoires cosmopolites : Quels sont les effets des mobilités sur le territoire ? De quelle manière les circulants produisent-ils des formes originales de territorialisation, des territoires cosmopolites ? La notion de cosmopolitisme recouvre celles d’identité locale, de création de richesses et de coexistences pacifiques. Dans ces espaces cosmopolites, c’est l’altérité, la capacité d’être en rapport avec des groupes différents qui structure le rapport à l’autre. Mais le terme est encore à préciser et reste également à comprendre si ces phénomènes de cosmopolitisme sont de nature nouvelle, en d’autres termes s'ils réactualisent des formes traditionnelles d’échange (réapparition de places marchandes en Méditerranée semblables aux “ comptoirs ” traditionnels), ou bien si on assiste à la mise en place de nouvelles formes de circulation spatiale et sociale.

De fait, un des aspects les plus intéressants du phénomène migratoire à Naples est précisément celui des interactions qui se jouent dans les places marchandes entre collectifs différents. Dégager ces interactions, mais aussi les articulations entre économie formelle et informelle, locale et transnationale, semble nécessaire à l’analyse du dispositif en constitution à Naples.
L’observation de situations de mobilité et d’échange et la reconstitution de trajectoires socio-spatiales mettent en lumière les transformations impulsées par des individus entrepreneurs qui montrent qu’on peut créer du territoire sans être nécessairement “ enraciné ” et invitent à concevoir les migrations contemporaines non plus uniquement de façon bipolaire, mais en termes d’archipel et de pluri-centralités. Dans ce contexte, les données officielles, en particulier de stock, peu à même de traduire les mobilités, sont insuffisantes. La nécessité d’observer et de quantifier la circulation conduit à rechercher des instruments d’analyse nouveaux. Comptabiliser les modes de transport utilisés et souvent auto-produits par les migrants et les emprunter pourrait permettre de préciser l’importance et les modalités des flux (De Tapia, 1996).

Espaces de la migration à Naples, espaces étudiés

On peut grossièrement distinguer trois types d’espaces transformés par la présence des migrants à Naples, en fonction de la distribution spatiale des migrants et de leurs situations migratoires :

  • Les quartiers d’installation durable du centre-ville ;
  • Les périphéries de transit et d’errance, aux marges de la ville ;
  • Les territoires de la circulation et de l’économie du migrant.

Ces derniers constituent l’objet de notre travail. Ce sont en effet les espaces qui ont été les plus transformés par la présence des migrants. Migrants et non immigrés, car le terme de migrants souligne davantage la mobilité, la co-présence en plusieurs espaces des individus étudiés, mais aussi leur capacité à créer du territoire. Traversés par des circulations intenses, ces espaces correspondent également aux zones qui concentrent la présence étrangère la plus importante.
Les prémices de l’apparition d’une économie du migrant dans ces espaces ont lieu dans les années 1980 qui sont simultanément celles de bouleversements socio-économiques et celles du début d’une immigration structurelle en Campanie. La grande entreprise, outil-symbole d’une politique du développement méridional, décline, alors que d’autres activités, liées à d’antiques traditions, émergent. Ces secteurs, petit commerce et artisanat, désignés comme marginaux, se montrent particulièrement dynamiques. Ainsi il n’est pas rare que le petit commerce devienne commerce de gros et l’artisanat, manufacture. C’est précisément dans ces activités que les nouveaux arrivants s’insèrent. Le processus économique s’affirme et se renforce durant les années 1990, parallèlement au renforcement du phénomène migratoire. Mieux, il semble que les populations migrantes tirent profit des dynamiques économiques les plus porteuses et originales de Naples et ainsi, contribuent directement au renouveau de la ville . Les terrains étudiés, représentatifs de la circulation et de l’économie du migrant sont au nombre de trois : Il s’agit d’un quartier central mais déconsidéré et “ laissé en friches ” pendant de nombreuses années, et de deux zones périphériques en développement productif :

  • Le quartier de la gare à Naples ;
  • Les périphéries productives et commerciales textiles de la zone vésuvienne ;
  • Les périphéries productives et commerciales de la chaussure au nord de Naples.

Entrepreneurs circulants et mobilités transméditerranéennes

Effectuer une typologie des pratiques de mobilité et des réseaux sociaux qui les soutiennent peut permettre de comprendre comment Naples se constitue en pôle marchand. Les figures du commerçant ambulant marocain et circulant algérien semblent significatives dans la mesure où elles illustrent bien la place de Naples dans des stratégies migratoires et des mobilités transméditerranéennes.
Si une telle classification présente des limites, le recours à ces types en tant que figures caractéristiques d’une catégorie de personnes s’avère nécessaire en tant que modèle simplifié des comportements qui permet de comprendre et d’appréhender la réalité. Cette typologie est donc une “ commodité méthodologique pour rendre compte à un certain moment du parcours de recherche, de convergences de sens, de proximités de formes, à même d’articuler de nombreuses et microscopiques observations empiriques en unités de comportements collectifs comparables ” (Tarrius, 1992). Il s’agit également de comprendre que les individus étudiés ne correspondent pas nécessairement totalement à ces types et ne sont pas des figures figées. Les comportements fluctuent, et en ce sens, définir des types c’est aussi “ identifier les passages des uns aux autres ” (Tarrius, 1992).

Le commerçant ambulant “ fourmi ” marocain : une stratégie basée sur la mobilité périurbaine et le va-et-vient

La présence marocaine en province de Naples se concentre dans la zone vésuvienne, région périurbaine dont les caractéristiques socio-économiques se montrent, dès les années 1970, favorables à l’installation d’un groupe d’hommes d’âge moyen et pratiquant le commerce ambulant. Très vite, une filière migratoire connectant les régions centro-occidentales du Maroc (Khouribga, Beni Mellal, El Borouj) —nouvelles régions d’émigration— et la zone vésuvienne se met en place.
La stratégie commerciale de ces migrants se fonde sur une pratique de la mobilité à double échelle, c’est-à-dire périurbaine et transméditerranéenne. L’activité locale, exercée de manière itinérante, a pour moyen de locomotion la circumvesuviana (le train qui encercle le Vésuve) qui permet de se rendre dans les lieux d’approvisionnement et de vente. À San Giuseppe Vesuviano, ces commerçants achètent articles textiles, linge de maison et prêt-à-porter, qu’ils vendent au porte-à-porte et sur les marchés. Dans le centre de Naples, ils achètent mouchoirs en papier, bibelots et jouets de plastique. Depuis peu, ils se fournissent également en vêtements et bibelots auprès des grossistes chinois. La clientèle privilégiée de ces marchands est constituée de femmes au foyer isolées des grands centres d’achat qui ont recours au Marocain pour se “ dépanner ” en produits d’entretien ou en linge de maison et ses trajectoires couvrent presque la totalité de la province de Naples, à l’exception du centre-ville. Le carozzino, support de ses marchandises, est une poussette pour enfants, aménagée afin de pouvoir servir à la fois de présentoir et de moyen de transport.
À Naples, le commerce ambulant constitue l’illustration paradigmatique de la pratique de l’arrangiarsi, si bien que le parcours du commerçant marocain rappelle fortement celui de certains Napolitains, et notamment, dans la zone vésuvienne, celui des fameux magliari (fripiers) qui, partant de la vente ambulante de vêtements usagés dans l’après-guerre, sont devenus grossistes puis producteurs (ils fournissent actuellement les commerçants maghrébins) et représentent aujourd’hui les self-made-men par excellence.

Le commerçant marocain, tirant profit des opportunités offertes par le contexte, s’est construit une stabilité dans la précarité. Précaires durables, certains d’entre eux pratiquent la même activité depuis une vingtaine d’années. Cette situation de précarité est rendue supportable par les fréquents allers-retours (environ 3 mois/an) pratiqués vers la région d’origine où ils ont laissé leur famille. “ D’ici, de là-bas, d’ici et de là-bas à la foi ” (Missaoui, 1995), véritable fourmi (Tarrius, 1992), le commerçant marocain perpétue son activité au-delà des frontières de l’Italie, transportant des marchandises qu’il vendra par la suite sur les marchés ou à l’un des détaillants ayant ouvert une boutique sur le souk de Khouribga ou encore disposant d’un emplacement en sous-location au marché du soleil à Marseille, qui constitue alors une étape sur le chemin du retour.
Les voyages sont effectués en voiture (il y a à Khouribga un célèbre marché aux voitures italiennes), en fourgonnette, ou en autocar (suite à des accords réalisés entre sociétés de transports marocaines et napolitaines, les autocars pour Khouribga quittant la place de la gare à Naples ne manquent pas), parfois même en bateau (ligne Alicante-Salerne).

Le circulant algérien : Naples partie intégrante d’un circuit commercial transméditerranéen

La présence importante d’Algériens à Naples (mais aussi en Espagne, en Turquie, en Angleterre, au Canada, …) illustre l’ouverture de l’espace migratoire algérien et la fin de la relation bipolaire France/Algérie . Nombre d’entre eux sont des commerçants nomades originaires de l’est du pays, en possession d’un visa d’affaires. Leur organisation s’appuie sur la présence de groupes sédentaires résidant à Naples et repose sur un triangle commercial qui comprend San Giuseppe dans la zone vésuvienne (rebaptisée “ Saint Joseph ”) pour les produits textiles (linge de maison et parures matrimoniales, vêtements), San Pietro à Patierno au nord de Naples pour la chaussure et le quartier de la gare à Naples qui remplit outre la fonction de centre d’achat en gros (contrefaçons de jeans et d’articles de sport), celle plus complexe de centre d’hébergement, de services et de tractations. Le choix du produit s’adapte avec une grande souplesse à la demande (certains Algériens alimentent ainsi les boutiques de Marseille et Alger) et à la conjoncture (modes, …). Naples est appréciée à la fois pour la diversité des produits et pour le prix des marchandises, qui conservent néanmoins le prestige du made in Italy. Depuis peu, ces commerçants effectuent une partie de leurs achats auprès de la centaine de grossistes chinois qui ont récemment ouvert leurs portes dans le quartier de la gare .

Le marché de gros napolitain s’articule pour ces migrants à un circuit commercial transméditerranéen. Ils se sont en effet spécialisés dans l’acheminement de marchandises entre la France, le Mezzogiorno et l’Algérie, si bien que leurs pratiques forment un véritable triangle commercial qui comprend Naples, Marseille et Alger. L’importance des circulations (maritimes, routières, ferroviaires) entre ces trois pôles en témoigne. En effet, si le développement du marché napolitain doit probablement être associé au déclin de Belsunce à Marseille , la place marseillaise est loin d’avoir disparue : les connexions entre Belsunce et Naples ne manquent pas. Au car d’une célèbre société de transports effectuant deux fois par semaine l’aller-retour Naples-Marseille, les commerçants préfèrent un mode de transport auto-organisé. Ainsi, il existe à notre connaissance deux autocars quittant chacun la place Garibaldi deux fois par semaine. L’un capte plutôt le réseau d’Annaba, l’autre celui de Constantine . Les points de départ et d’arrivée sont des hôtels de Naples et de Marseille, disposant chacun d’un entrepôt. Pour la plupart de leurs passagers, Marseille est une étape vers l’Algérie.

Ces deux figures, des Marocains “ fourmis ” et des circulants Algériens, sont complémentaires : par leurs pratiques marchandes circulatoires, ces commerçants transforment la place napolitaine, sans en faire nécessairement un lieu d’installation permanente. Naples est ainsi devenue partie intégrante de territoires circulatoires, entendus comme “ socialisation d’espaces supports à des pratiques de mobilité ” (Tarrius, 2000). Dans cette perspective, les marges urbaines ne sont pas nécessairement des espaces d’errance pour des étrangers sans ressources matérielles et symboliques mais partie intégrante, au cœur de réseaux transnationaux, d’un archipel de lieux-clefs pour les migrants.
En outre, ils participent dans l’aire métropolitaine de Naples du développement d’une économie du migrant qui a pour conséquence une certaine renaissance du quartier de la gare à Naples. La transformation du quartier comprend plusieurs aspects : lieu de rencontre, de socialisation et d’échange de devises (le quartier est le point d’arrivée et de départ de nombreux autocars pour Marseille, le Maghreb mais aussi la Pologne et l’Ukraine) et de marchandises, lieu de passage et point d’appui (parfois le quartier constitue la toute première étape du parcours migratoire en Italie), point commun entre toutes les communautés marchandes qui la traversent, lieu de territorialisation (institutionnalisée par la création durant l’été 2001 d’un marché pour ces vendeurs de rue) et d’approvisionnement du commerce ambulant. Le quartier, longtemps déconsidéré, a recouvert, grâce à l’économie du migrant, une identité propre. Les Italiens ont également profité de cette dynamique par la valorisation d’une série d’activités tombées en friches, comme celle des hôtels.
La multiplicité de ces aspects et la complexité des dynamiques qui traversent ce quartier contribuent à en faire un espace cosmopolite de rencontres et d’échange, au sens ou il y a instauration de proximités sociales entre populations diverses, “ co-présences tributaires des mobilités, de populations riches ou pauvres, ethniques ou non ” (Tarrius, 2001).

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