Espaces créés et choix d’emplacement des réfugiés syriens à Izmir

Séminaire Enjeux contemporains des migrations 
Organisé conjointement par GAR et l'axe aMiMo de l'IFEA

Intervention en turc

Dr. Feriha Nazda GÜNGÖRDÜ

La mobilité des migrants est considérée dans la littérature et les politiques internationales comme une mobilité humaine à l'échelle internationale et/ou régionale pour diverses raisons telles que la survie et la vie dans des conditions humaines et équitables. Il s'agit en réalité d'une mobilité continue à l'échelle de la ville et du quartier. Les réfugiés s'installent dans certains quartiers pour survivre et augmenter leur niveau de bien-être dans les villes où ils se rendent. Leur lien aux villes se démontre à travers leur intégration des pratiques quotidiennes, des marchés du logement et de l'emploi. Le processus d’adaptation des réfugiés en milieu urbain est expliqué dans la littérature à travers la notion d’ « emplacement ». La notion de création d’espaces inclut les notions de répartition des ressources publiques/urbaines entre les groupes sociaux ainsi que les processus d'intégration et d'installation. Le processus de de création d’espaces commence par s'installer dans un lieu, ensuite de pouvoir s'y abriter puis de se rapprocher des réseaux de relations sociales, économiques et culturelles.

Dans le cas où le processus d’installation, d’hébergement et de création d'espace des réfugiés ne sont pas dirigés ou gérés par des acteurs étatiques (par exemple, la Turquie), il est important de savoir quelle stratégie est développée de leur part et quels sont les acteurs non étatiques impliqués dans ce processus. Cela révèle comment les réfugiés réagissent aux politiques et aux situations d'absence de politiques, et nous permet de comprendre les conséquences urbaines de la mobilité. Dans ce contexte, l'objectif principal de ma thèse de doctorat est de révéler les facteurs et les acteurs qui affectent les processus de création et de choix des espaces des réfugiés urbains syriens avec une approche ascendante, multidimensionnelle, multi-spatiale et multiscalaire en se basant principalement sur les acteurs. Cette étude, basée sur les résultats du travail de terrain que j'ai effectué à Izmir (dans les quartiers de Basmane, Karabağlar et Buca) entre janvier 2019 et février 2020 repose sur l'analyse multiscalaire de la concentration des réfugiés dans la ville. Cela démontre que les schémas de mobilité et les choix d’emplacement des réfugiés dépendent de l'accès à cinq composantes clés du bien-être (le logement, les services publics, l’emploi et le revenu, la solidarité et la sécurité). Cette étude explique de quelle manière les réfugiés s'impliquent dans l'économie urbaine, dans les relations sociales et culturelles. Elle analyse également leur accès aux ressources et aux services sociaux et quels sont les acteurs non étatiques avec qui ils interagissent dans le processus de création d'espace. Le constat le plus important est la manière dont les réfugiés établissent des relations (de dialogue/de conflit/ de solidarité) avec les acteurs locaux (ex. les agents immobiliers, les muhtars, etc.) que je définis comme des « gardiens » dans le processus de sélection et de création d’espaces.

Feriha Nazda GÜNGÖRDÜ est diplômée d’une Licence en planification urbaine et régionale à l’Université METU et d’un Master en planification régionale dans la même université. Durant cette période, elle a participé à des projets soutenus par TUBITAK et l'Union européenne. Entre 2013 et 2017, elle a travaillé comme chercheuse dans le cadre du projet "DIVERCITIES, Governance Urban Diversity: Creating Social Cohesion, Social Mobility and Economic Performance in Today's Hyper-Diversified Cities: The Case of 14 European Countries" dans le cadre du septième programme-cadre de l'Union européenne. Son mémoire de master intitulé “Diversity in Times of Economic Crises: Changing Discourses and Policies on Diversity in European Countries And Turkey” est en lien avec ce projet.
Au cours de ses études doctorales au Département planification de la politique urbaine et des administrations locales à l’université METU, elle s'est concentrée sur les thèmes de la pauvreté urbaine, les groupes défavorisés et les processus d'exclusion sociale, les relations entre la migration et la ville. Sa thès est intitulée "Refugee Emplacement in Urban Areas: The Multi-Scalar Mobility Patterns and Location Choices of Syrian Refugees in Izmir, Turkey". Ses articles ont été publiés dans divers livres et revues. F. Nazda GÜNGÖRDÜ, qui a travaillé comme assistante de recherche à l'Université de Çankaya pendant son doctorat, travaille actuellement comme chargée de cours à temps partiel. Elle travaille également comme consultante/chercheuse dans divers projets académiques, publics et privés dans les domaines de la politique urbaine, de la planification et de la sociologie urbaine.