Thème de recherche de la mission : Identités cariennes
Nom du site : Labraunda, Milas/MUGLA
Chefs de la mission : Dir. Olivier HENRY (Université Lumière Lyon 2, HiSoMA), co-dir. Ipek DAGLI (Université d’Istanbul)
Membres (principaux) de la mission : Cem ARDIL (Université de Mimar Sinan, Istanbul), Christophe BOST (EPHE), Jesper BLID (Académie de Vienne), Naomi CARLESS-UNWIN (Université de Warwick), Fabrice CHARLIER (INRAP), Raphaelle CHEVALLIER, Christina GEORGESCU (Institut d’archéologie « Vasile Pârvan », Bucarest, Elisabeth GOUSSARD (Archéopole), Vasilica LUNGU (Institut d’études sur l’Europe du Sud-Est, Bucarest), Baptiste VERGNAUD (IFEA), Anna SITZ (Université de Heidelberg).
Actions de collaboration franco-turques
La mission Labraunda a signé un accord de collaboration avec l’université de Bilkent (Ankara) visant à recevoir des étudiants turcs sur le chantier de fouille et à les former aux techniques de fouilles stratigraphiques et à la documentation. La mission bénéficie également du soutien de plusieurs partenaires turcs (dont l’entreprise ESAN), et des autorités locales de la ville de Milas et de la préfecture de Muğla.
Présentation du site
Labraunda est un site de montagne. Particulièrement isolé de la trame urbaine antique, et bien que certains auteurs anciens y aient vu une komè (village), les recherches n’ont pas permis de mettre au jour l’existence d’une occupation des lieux par une communauté avant la période byzantine. Il semble que Labraunda ait été avant tout un lieu réservé à la célébration d’une divinité ou d’un pouvoir, particulièrement lors de grands rassemblements organisés à l’occasion de festivals annuels. L’architecture révélée sur le site par les fouilles archéologiques est exclusivement monumentale et confirme le rôle unique de ce site au sein de la société carienne ainsi que pour l’histoire de l’architecture grecque.
Labraunda disposait néanmoins d’un très large territoire, partiellement peuplé, qui s’étendait sur plusieurs kilomètres à la ronde. Le territoire est riche et semble avoir connu une certaine prospérité vers le tournant de l’ère. Il se compose principalement de trois éléments : funéraire, militaire et agricole.
Historique des fouilles
Les fouilles du site de Labraunda débutèrent en 1948, sous les auspices de l’université d’Uppsala et grâce à la ténacité de Axel W. Persson, professeur d’archéologie égéenne. La mission française de Labraunda a vu le jour en 2012.
Les recherches que nous menons depuis plusieurs années à et autour du site de Labraunda visent à analyser les caractéristiques de la culture carienne, témoin d’importantes interactions qui s’opèrent depuis l’âge du bronze jusqu’aux périodes tardives entre les mondes anatolien, perse et grec. Si l’accent est principalement mis sur le IVe s. av. J.-C., période durant laquelle Labraunda connait son apogée grâce au rôle tenu par le site et son sanctuaire de Zeus Labraundos dans le programme politico-religieux conduit par la dynastie des Hékatomnides, il nous paraît cependant essentiel d’appréhender le site dans toute sa profondeur historique ainsi que dans son contexte régional.
Travaux en cours
Les travaux en cours à Labraunda comprennent à la fois un programme de prospection et un programme de fouilles.
Depuis le début des recherches menées sur le site de Labraunda (en 1948), et particulièrement à la lumière des dernières découvertes, Labraunda apparaît comme un lieu clé de la compréhension de l’évolution des contextes historiques et culturels du sud-ouest de l’Anatolie.
Labraunda fut longtemps considéré comme un îlot de civilisation perdu au centre d’un ‘no man’s land’ de verdure, sur les pentes marquées de la chaîne de montagnes du Latmos. Les recherches très récentes, menées à la fois au cœur du complexe architectural, ainsi que dans son voisinage immédiat, ont montré qu’il n’en était rien. Mais récemment encore, il était généralement admis que l’histoire du site et de l’occupation de cette zone avait débuté dans le courant de la période archaïque, autour du VIe s. av. J.-C. Là encore, de récentes découvertes ont permis de remettre en cause cette idée reçue en démontrant que l’occupation avait débuté probablement dès la fin du Chalcolithique ou le tout début de l’Âge du Bronze.
L’objectif de la prospection archéologique que nous avons décidé d’entreprendre en 2017 est de construire une carte archéologique des environs de Labraunda, à grande échelle. Il s’agit de procéder à un inventaire précis des vestiges situés dans un rayon de plusieurs kilomètres autour du site. La mise en place de cette carte archéologique permettra de préciser la chronologie et les conditions d’implantation de communautés dans cette région de la Carie. La zone qui nous intéresse (d’une superficie totale de 180 km2) est pour l’instant une véritable terra incognita puisque aucune recherche de ce type n’y a encore été menée.
Concernant le programme de fouille, celui-ci concerne l’essentiel des périodes historiques du site, des VIe-Ve s. av. J.-C. à la fin de la période byzantine. À ce jour, sept différentes fouilles sont menées simultanément : la stoa nord, la stoa est, le complexe sud, les bains est, le bassin romain, l’oikos L et le cimetière byzantin.
Illustrations
Fouille des bains est de Labraunda
Restitution de la façade Est de l'andrôn de Mausole (vers 370 av. J.-C.), par J. Blid