Mission française de Myra-Andriaké Fortifications et défense du territoire | Bibliographie | Galerie photo
Les travaux qui sont menés sur le site de Myra-Andriakè se font avec le soutien financier du MAE, du CRHIA et du Ministère turc de la culture et du tourisme.
Responsable : Isabelle Pimouguet-Pédarros, Maître de Conférences, HDR, Histoire ancienne, Université de Nantes, Département histoire, Chemin de la Censive du Tertre, 44000, Nantes. Tel. 02 40 14 13 83.
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Thématique des recherches
Le programme de recherche porte sur l'organisation et la défense du territoire de Myra et de son port Andriaké. Située en Asie Mineure méridionale, à une centaine de kilomètres à l'ouest d'Antalya, cette cité comptait, avec Xanthos, parmi les plus importantes cités de Lycie aux époques hellénistique et romaine. Elle connut également un développement important aux siècles suivants, notamment à la période byzantine. Les restes archéologiques sont extrêmement riches et abondants. Sur le site même de l'ancienne agglomération urbaine, subsistent un théâtre (le plus grand de Lycie), des tombes rupestres à décors figurés, des agorai et des citernes, des thermes et un aqueduc, mais aussi un granarium préservé sur toute son élévation, des quais et des boutiques. A cela s'ajoutent de nombreuses églises et une petite synagogue datée du IVe siècle ap. J.-C. Sur les sites secondaires, tels que ceux de Theimiussa, de Sura ou d'Ision, on trouve également des traces importantes d'architecture antique et byzantine, en particulier des tombes lyciennes. Toutefois, la particularité de la cité de Myra est de présenter, sur l'ensemble de son territoire, des restes de fortifications antiques qui, liées à des routes terrestres et maritimes, devaient former un réseau défensif s'étendant du centre jusqu'à la périphérie.
Coopération scientifique avec l'université d'Antalya
I. Pimouguet-Pédarros (Professeur à l’université de Nantes) et N. Çevik (Professeur à l’université d’Antalya) sont associés depuis 2002 dans le cadre d'un accord de coopération scientifique liant leurs deux universités. Dans le cadre de cet accord, ils ont effectué des missions de prospection archéologiques en Pisidie et en Lycie qui ont donné lieu à plusieurs publications communes. L'accord qui les lie institue une association entre deux équipes scientifiquement et financièrement indépendantes, œuvrant dans des domaines distincts et complémentaires : l'équipe française, dirigée par I. Pimouguet-Pédarros, s'occupe des questions relatives à la guerre et à la défense du territoire (fortifications, armement, iconographie militaire) mais aussi à l'organisation des espaces, à l'occupation du sol et au peuplement ; l'équipe turque, dirigée par N. Çevik, s'occupe du reste de la documentation matérielle. Étant entendu que les résultats de leurs travaux font l'objet de publications conjointes sous la forme d'articles mais aussi de rapports annuels dans les revues Anatolia Antiqua et Adalya. Des étudiants français de l'université de Nantes ou d’autres universités françaises sont étroitement associés aux travaux. Il s'agit soit d'étudiants de Master spécialisés dans l'archéologie du bâti, qui trouvent sur le site un terrain privilégié d'expérimentation et de formation, soit d'étudiants de doctorat d'histoire et d'archéologie antiques qui viennent sur le site s'initier à la fouille et/ou enrichir leur propre documentation. Des étudiants turcs de l'université d'Antalya sont aussi associés aux travaux, formés aux méthodes de recherche et à l’analyse de la documentation écrite et matérielle (épigraphie, numismatique, architecture, etc..). Des échanges d'étudiants, mais aussi d'enseignants-chercheurs, sont également réalisés, en vertu de l'accord de coopération scientifique qui lie l’Université de Nantes à celle d’Antalya.
Travaux de terrain préparatoires (2009-2010)
En 2009, N. Çevik a décidé, avec l'autorisation du Ministère de la culture et du tourisme turc, d'ouvrir un chantier de fouille sur le site de Myra-Andriaké et de commecer l’étude du port. I. Pimouguet-Pédarros, de son côté, a effectué des enquêtes de terrain afin de dresser un premier état des lieux du système défensif et de déterminer les limites du territoire de la cité. Outre une carte de localisation, l’équipe française a effectué le relevé architectural de plusieurs fortifications urbaines (acropole fortifiée, enceinte urbaine, défenses portuaires) et extra-urbaines (fortins, forteresses et tours isolées) encore bien conservées ; cette approche descriptive'a permis de fixer la chronologie relative et de déterminer la fonction stratégique de chacune de ces fortifications. On se reportera à l'article publié dans Anatolia Antiqua en 2010). Dans ce travail préliminaire, on a tenu le plus grand compte des recherches archéologiques entreprises précédemment par les chercheurs autrichiens, au premier rang desquels, J. Borchhardt.
2011 et objectifs
Travaux effectués durant la campagne 2011 : fouille des fortifications du port d'Andriaké
Il subsiste sur une colline, au-dessus du port d’Andriaké, un système de défense composé d’un long mur flanqué de tours et, sur le plus haut point, une plate-forme sur laquelle un fort a été construit. Ce fort se compose de plusieurs pièces et est bordé par deux citernes, dont une fut réoccupée à la période byzantine.
Le but était de déterminer la date la plus ancienne d’occupation du site et les éventuelles réoccupations dont il avait pu faire l’objet au cours de l’histoire. Il s’agissait aussi de déterminer le tracé des remparts et la fonction précise de ce système de défense. Le port était-il protégé par un circuit fortifié, c’est-à-dire un mur descendant la crête rocheuse et courant de l’autre côté du port ? Ou s’agissait-il d’une simple ligne de mur flanquée de tours fonctionnant de manière autonome ?
Les recherches effectuées sur le site permettent aujourd'hui d'affirmer que la fortification a été installée directement sur le rocher et que le niveau de sol existant se trouve à environ un mètre du niveau d’occupation antique. Elles ont permis également de mettre au jour un matériel archéologique significatif : des tessons de céramique d’époque hellénistique (en petit nombre mais dans tous les sondages), des tessons de céramique d’époque romaine (fin IIIe ap. J.-C ) et d'époque byzantine, des tuiles hellénistiques et romaines, des clous et pointes de fer, un boulet et une balle de fronde et, surtout, quatre pointes de flèches en bronze, intactes, probablement d’époque hellénistique. C'est là une trouvaille importante car les pointes de flèches de cette époque sont rarement trouvées sur le site même de leur utilisation ; on les trouve généralement dans des tombes ou sur les lieux de leur fabrication.
Il apparaît à ce stade des recherches que ce site fut occupé au plus tôt à l’époque hellénistique, date à laquelle la fortification fut érigée par un des pouvoirs dominants (Antigonide ou lagide). Il fut réoccupé sans grande modification à la fin de la période romaine et à la période byzantine. Il s’agissait d’un site à caractère essentiellement militaire tenu par une garnison permanente chargée de garder l'accès au port (pour un développement voir le rapport détaillé accompagné des plans et photos).
Objectifs pour les prochaines campagnes
Le dégagement et la fouille des différents ouvrages fortifiés présents sur le site de Myra-Andriakè.
Galerie photo
Bibliographie de la mission de Myra-Andriaké depuis 2009
- N. Çevik, I. Pimouguet-Pédarros, «Fortifications et système défensif sur le territoire de Myra : rapport sur la campagne de 2009», Anatolia Antiqua, XVIII, 2010, 243-275.
- N. Çevik, I. Pimouguet-Pédarros, « le système défensif de Myra-Andriaké », Actes des rencontres de l'IFEA 11-13 nov. 2010, Anatolia Antiqua, XIX, 2011, 303-319.
- N. Çevik, I. Pimouguet-Pédarros, « les remparts du port d’Andriaké », Anatolia Antiqua, XX, 2012, 261-281.
- N. Çevik, I. Pimouguet-Pédarros, « Les fortifications de Myra-Andriakè dans la défense de la Lycie orientale », Conference on the Research of Fortifications in Antiquity 6-9 déc. 2012, Athènes, Athènes, 2013 (sous presse)