Sujet de thèse : Les étrangers non-ottomans à Diarbékir et Harput (Est-ottoman) : stratégies spatiales, interactions urbaines et réseaux de pouvoirs (1850-1914).
Directeur de recherche : Vincent Lemire (MCF-HDR, Université Paris Gustave-Eiffel).
Cette recherche aborde l’histoire de deux sociétés urbaines de l’Est ottoman – Diarbékir et Harput – par le prisme des étrangers non-ottomans qui y ont résidé entre la décennie 1850 et 1914. Le second 19ème siècle ottoman est un moment d’intenses mutations puisqu’il constitue à la fois un temps de redéfinition du contrat social ottoman (réformes des Tanzimat) mais aussi un moment d’apogée de l’impérialisme européen dans l’Empire ottoman. Dans l’Est ottoman, ce moment est celui d’une polarisation interconfessionnelle et d’une montée des tensions qui s’achève par des violences paroxystiques dont les populations arméniennes sont les victimes (massacres dits « hamidiens » de 1894-1897 – Génocide des Arméniens de l’Empire ottoman – 1915). Le second 19ème siècle ottoman est aussi le temps d’une présence pérenne d’étrangers non-ottomans : personnel consulaire, missionnaires catholiques et protestants, marchands et individus au service de l’Etat ottoman. Bien que peu nombreux – contrairement aux vastes « colonies » étrangères des villes levantines - ces étrangers ne jouent pas moins un rôle influent en ce qu’ils occupent une position nodale, à l’interface entre pouvoirs et sociétés. Les institutions éducatives mises en place et les mécanismes de protection – principalement exercés au bénéfice des chrétiens locaux (autour du tiers des populations urbaines), majoritairement arméniens - constituent des vecteurs d’influence dont l’étude est indispensable à une compréhension fine des transformations sociales et politiques qui ont eu lieu dans les deux villes et leur arrière-pays.