Projet de thèse : Reconstruction post-conflit : étude sur la ville historique de Diyarbakır
Aujourd’hui, le patrimoine culturel considéré comme l’ensemble des biens, matériels ou immatériels, ayant une importance artistique ou historique certaine, a été affecté (détruit, endommagé...) pour diverses raisons à travers l’histoire. Aujourd’hui, la guerre est parmi elles l’une des plus importantes. Nous constatons aujourd’hui que cela se poursuit dans différentes parties du monde, notamment dans la région du Moyen-Orient. Les conflits armés semblent avoir un effet destructeur pour la culture. Ceci s’explique par le fait que la mémoire collective d’une minorité, ou d’un groupe social identifié, est spécifiquement visée par l’un des belligérants engagés dans un conflit. Les objets culturels, en tant que porteur d’une identité, apparaissent donc comme des cibles privilégiées, Bozarslan définit cela comme des situations le « dé-civilisation ». (Bozarslan, 2019).
On observe ces dernières décennies que le patrimoine culturel est particulièrement ciblé par des conflits armés dans différentes parties du monde, pour briser les liens qui unissent les individus à leur communauté, leur ville ou leur nation, comme une des composantes de la répression ou la domination despotique et hégémonique. En outre, ces destructions ont pour objectif de détruire une diversité culturelle et sociale au profit d’une seule communauté. Si le patrimoine culturel fait l’objet de discorde, il représente aussi, après les conflits, un élément indispensable du rétablissement de la réconciliation et de la restructuration d’une ville. C’est pour cette raison que la culture est primordiale dans le processus de reconstruction. (Unesco, la Banque Mondiale, 2018)
Bien que les causes des conflits dans la région soient diverses (idéologiques, religieuses, ethniques...), les structures détruites et endommagées entraînent l’effacement de la mémoire de ces lieux. La définition de la reconstruction post-conflit suscite un vif intérêt et doit avoir une portée globale, tout en tenant compte de la valeur universelle exceptionnelle des monuments, régions et sites concernés.
Le 4 juillet 2015 les murailles de Diyarbakir et le « paysage culturel des Jardins de l’Hevsel » étaient classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Six mois seulement après l'inscription à l'UNESCO, des conflits entre l’armée turque et « les unités de protection des civils » (YPS, proche du PKK) ont éclaté dans la vieille ville (Sur).
Dans la ville historique de Diyarbakir, les combats se sont soldés par la destruction d’une grande partie du patrimoine historique et culturel de la ville. Durant le conflit beaucoup de monuments historiques comme des églises, des mosquées, des mausolées, des khans, des hammams et des architectures civiles ont été détruits ou endommagés (TMMOB, 2016).
L’une des questions essentielles de l’après-guerre est la reconstruction des villes historiques affectées, et cela pose la question patrimoniale et mémorielle dans le contexte de la reconstruction. La question de la prise en compte du patrimoine se pose de façon prioritaire comme l’enjeu principal de la reconstruction.
Comment reconstruire ? À l’identique ? En modernisant ? Qui va intervenir dans la reconstruction ? Quel sera le rôle des acteurs locaux, nationaux et internationaux ? Plus particulièrement, quelle est le rôle de l'Unesco dans la reconstruction post-conflit ? Quelle sera la place dans la reconstruction post-conflits pour des personnes déplacées ? Reconstruire pour qui ? Nous pouvons multiplier de telles questions.