Çatalhöyük – un village néolithique fouillé depuis 25 ans

Çatalhöyük est un village préhistorique occupé au Néolithique, situé dans la plaine de Konya en Anatolie centrale. À l’occasion de la fin du programme de recherche lancé par Ian Hodder (archéologue rattaché à l’Université de Stanford) il y a 25 ans, il est intéressant de revenir sur ce site préhistorique majeur, inscrit depuis 2012 au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Çatalhöyük a été découvert en novembre 1958 lors d’une prospection de la plaine de Konya menée par James Mellaart, archéologue britannique. La richesse du mobilier de surface et la taille conséquente du site ont mené J. Mellaart à considérer le potentiel de Çatalhöyük. Les fouilles commencent trois ans plus tard en 1961 et se poursuivent jusqu’en 1965. Mellaart y a découvert plus de 160 bâtiments sur 14 niveaux d’occupation successifs, si bien qu’il rebaptise Çatalhöyük la « ville néolithique ». Ainsi, au pic d’occupation du site, le village était habité par entre 3000 et 8000 personnes. Après la fin des fouilles de James Mellaart, le site n’est plus étudié jusqu’en 1993, date à laquelle Ian Hodder reprend les opérations de terrain avec un ambitieux projet de 25 ans dont le but est de situer la production symbolique élaborée dans le site dans son contexte environnemental, social et économique. Depuis, plusieurs zones de fouilles ont été ouvertes et dirigées par différentes équipes internationales.

Le site se compose de deux tells, collines artificielles se formant par l’accumulation de restes architecturaux. Le tell Est, occupé au Néolithique, comporte une longue séquence d’occupation couvrant tout le Néolithique céramique d’environ 7100 à 5950 av. J.-C.. Le tell Ouest, distant de 300 m, est plus petit et a été occupé sur une plus courte période au Chalcolithique ancien, d’environ 6000 à 5600 BC. Les deux tells ont été occupés simultanément pendant une courte période puis le tell Est fut abandonné avant le tell Ouest. Par la suite les habitants se sont dispersés dans la plaine dans de nombreux petits sites. Plus tardivement, les deux monticules ont été utilisés en tant que cimetière aux époques classique, byzantine et islamique. Les deux monticules étaient séparés par l’ancienne rivière Çarşamba, dont les seuls témoins aujourd’hui sont une rangée d’arbres qui bordaient la rivière autrefois.

Au Néolithique, bien que tous les bâtiments fouillés aient des tailles et formes différentes, on retrouve une standardisation dans leur agencement interne. La maison se composait d’une pièce principale pour la vie et les activités artisanales avec des plateformes surélevées en dessous desquelles étaient enterrés les morts. Des pièces adjacentes plus petites étaient utilisées pour le stockage et la préparation de la nourriture.  On y accédait par le toit, en effet, les maisons étaient construites agglutinées sans ruelles ni espaces de circulation. Pour autant l’intérieur des maisons n’était pas sombre, les murs étaient recouverts de plâtre blanc afin de refléter la lumière provenant de l’ouverture dans la toiture. La maison néolithique exigeait un travail constant d’entretien avec des modifications survenant au cours de son occupation, y compris l’ajout ou la suppression d’aménagements tels que les plateformes, les fours et foyers ; le replâtrage des sols et des murs et l’ajout de sépultures. La maison chalcolithique est moins bien connue, cela s’explique par la plus faible emprise des zones fouillées sur le tell Ouest ainsi que par une moins bonne conservation des maisons. Peu d’aménagements sont conservés à l’intérieur des bâtiments, seuls des piliers internes qui séparaient l’unique pièce en plusieurs espaces restreints.

Les activités quotidiennes prenaient place à l’intérieur et à l’extérieur des maisons. Différentes matières premières étaient travaillées pour la confection d’outils, l’artisanat et l’art comme l’obsidienne, l’os ou l’argile. Certaines de ces matières premières étaient importées de loin, l’obsidienne venait ainsi de Cappadoce, certains coquillages de la mer Rouge. Les néolithiques voyageaient sur de longues distances et entretenaient des liens forts avec d’autres communautés contemporaines d’Anatolie centrale. Çatalhöyük n’est pas le seul site occupé à cette période dans la plaine de Konya. En effet d’autres villages contemporains, de moindre ampleur, ont été fouillés notamment Pınarbaşı et Canhasan I.

 

Bibliographie

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Pour aller plus loin

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Numéro d’accès : 0021429 / Classification : COLL CVIII 04

 

http://www.catalhoyuk.com/

http://whc.unesco.org/fr/list/1405/