Portable Art «Now you are here», Tuzla (8/03/10)
Le centre culturel de İdris Güllüce à Tuzla se trouve sur l’avenue Aydınlı, près de l’autoroute vers Izmit et Ankara. L’accès est relativement facile depuis la station de train d’İçmeler (à une heure de Kadıköy). Cependant il faut traverser l’autoroute par un pont, dont les trottoirs sont particulièrement exigus. En l’absence de toute indication, nous devons trouver notre chemin en questionnant les commerçants, qui semblent tous connaitre le centre culturel.
De la gare vers l’ancien village d’İçmeler, vue sur l’autoroute.
Dans le prolongement de l’avenue Aydınlı, aperçu sur les confins de l’agglomération stambouliote.
A 20 mètres en contrebas du centre culturel, un centre commercial en construction, et au fond les installations portuaires.
Face au centre culturel, une mosquée plus récente.
Le bâtiment du centre culturel comprend une bibliothèque ainsi que des salles de cinéma, de conférence, une salle d’exposition et une cafétéria. L’exposition “Art mobile”, qui est un des projets de 2010, se situe dans la salle d’exposition à l’entrée du bâtiment, dans le hall du centre culturel. Cette salle se réduit en réalité à une vingtaine de mètre-carrés et l’exposition en question ne comporte que quelques peintures et trois installations vidéo. En outre, le but ou le thème de l’exposition ne sont pas très clairs ; et les œuvres sont trop abstraites pour la population amenée à fréquenter le centre culturel.
Il est ainsi fort regrettable qu’il n’y ait aucune médiation culturelle autour de ce projet. Les habitants du quartier ne paraissent pas en mesure d’appréhender une telle exposition d’art contemporain sans explication préalable.
Feuilletant le livre d’or, nous comprenons que les visiteurs étaient de passage et qu’ils n’avaient pas l’intention de venir voir l’exposition. Cependant, les commentaires effectués sont en général plutôt positifs, seules deux critiques regrettent l’insuffisance des expositions dans la périphérie d’Istanbul et l’uniformité des œuvres présentées.
A l’étage, dans le cadre de « la journée de la femme », il y avait une conférence organisée par la municipalité de Tuzla pour des femmes issues des centres de formation publics. Celles-ci ont été convoyées en bus pour venir y assister. Lorsque nous les avons interrogées, pas l’une d’entre elles ne savait qui était la conférencière. Il faut également souligner qu’aucune d’entre elles ne s’est rendue à l’exposition alors que toutes sont passées devant sans que cela attire ne serait-ce que leur attention.
Ce public quasi-exclusivement féminin et très majoritairement voilé a suscité notre curiosité et les femmes de notre petit groupe sont par conséquent restées pour attendre le début de la conférence. Le maire de Tuzla a d’abord pris la parole, relatant l’histoire de la journée de la femme. Il a fait référence à la première manifestation des ouvrières américaines protestant contre l’exploitation de leur main d’œuvre. Le maire a ajouté qu’aujourd’hui l’émancipation des femmes passe nécessairement par un changement de regard : qu’elles ne soient plus considérées que comme des corps. Il a affirmé que de nos jours elles doivent être traitées comme des êtres humains ayant la capacité de réflexion, précisant que les femmes ont aussi la responsabilité de s’éduquer pour pouvoir parler de leur propre voix. Ensuite, la conférencière Sema Maraşlı a retracé son parcours assez surprenant. En effet, elle était auparavant enseignante en études coraniques puis elle est allée aux Etats- unis pour y effectuer un Master de psychologie comportementale à l’Université de Newport. A présent, elle écrit des livres éducatifs pour les enfants ainsi que des livres de psychologie, et a l’intention de fonder une école dans laquelle elle donnera des cours pour les femmes à propos du mariage.
Elle a poursuivi son discours en disant qu’il faut absolument oublier tous les discours sur l’égalité entre homme-femme, en particulier les discours féministes. Sema Maraşlı a insisté sur le fait qu’aujourd’hui on cherche à créer des femmes avec des têtes d’hommes. Après quoi, elle a dressé une typologie des femmes que l’on voit dans les feuilletons télévisés : selon la conférencière, celles-ci sont toutes arrogantes, volages et ne savent pas respecter les hommes. Elle y voit la raison principale pour laquelle autant de mariages s’effondrent, les femmes prenant trop d’indépendance.