Diyarbakir sur la route de l’Unesco : aspects de la reconnaissance d’une histoire

 Martine ASSÉNAT, McF. Dr.
Université Paul Valéry, Montpellier, France

La municipalité de Diyarbakir a mis en place un important  “Plan Urbain de Protection » dont le cahier des charges prévoit notamment « la protection des entités culturelles et naturelles  tenant compte des espaces d’interaction-passage dans les territoires définis comme “site” ainsi que des études sur le terrain comprenant des données archéologiques, historiques, naturelles, architecturales, démographiques, culturelles, socio-économiques, foncières et d’aménagements ayant pour but la protection des entités culturelles et naturelles sur le principe de durabilité ». A ceci s’ajoute la volonté de déposer, à l’automne 2013, un dossier de candidature pour l’inscription de la muraille de Diyarbakir sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, cette même muraille ayant d’ores et déjà fait l’objet d’importants programmes de réhabilitation. Cette politique laisse une place de choix à la réalisation d’enquêtes dans des domaines nombreux et à la mise en place de programmes complémentaires d’accompagnement. Le programme AMIDA hébergé par l’IFEA a proposé un travail d’inventaire et d’études croisées des textes, documents et éléments urbains hérités essentiellement des périodes hellénistique, romaine et byzantine (sans exclure à terme un élargissement sur les autres périodes) qui doit permettre une meilleure localisation et une connaissance approfondie des contextes historiques et matériels qui sont aussi ceux de l’édification de la muraille. Le programme AMIDA doit également déboucher sur une acquisition de la muraille par un système de prises de vue photographiques visant à en restituer un relevé exhaustif scientifiquement exploitable et à proposer une ou plusieurs modélisations en trois dimensions de ce monument. Ce procédé permet de sauvegarder une image fiable des courtines, tours, ouvrages d’art… sur un tracé de plus de cinq kilomètres encore en partie exposé à des dégradations. Ce travail doit s’accompagner de l’étude des anciennes carrières de Diyarbakir, ce qui aura pour effet de nous ramener au moment de la construction de la muraille, et doit établir un lexique historique spécifique de l’exploitation du basalte dans cette région. Cet aspect du programme prévoit un lien avec l’artisanat local et pourquoi pas avec les ateliers qui seront sollicités pour la restauration de la muraille. L’ensemble des résultats doit alimenter un SIG conçu ici comme un instrument de recherche, de documentation, d’observation de l’évolution du plan urbain de protection et de promotion des espaces urbains.