On sait les luttes inexpiables qui opposèrent pendant 500 ans l’État byzantin aux Turcs seldjoukides puis ottomans. Affrontements militaires, concurrence politique et religieuse entre un empire chrétien hellénophone et deux sultanats turcs et musulmans, l’État seldjoukide d’Anatolie du XIe au XIIIe et le sultanat ottoman des XIVe et XVe, mais à y regarder de plus près, la cohabitation forcée entre les deux adversaires en Anatolie puis dans les Balkans finit par transformer Turcs et Byzantins en « ennemis intimes », s’opposant mais se connaissant, animés d’un farouche esprit de concurrence mais aussi d’une familiarité ouverte qui permit bien des échanges institutionnels, culturels ou artistiques. Je ne parlerai pas ici de cette interpénétration des sociétés turque et byzantine médiévales dont subsistent dans l’Istanbul
Le but des Croisades fut généralement entendu comme la conquête de Jérusalem, et il en fut ainsi : les armées de la première croisade prirent la ville aux Musulmans en 1099. Néanmoins, même si nous pensons les moyens de communication comme étant lents au Moyen Âge, il est difficile de croire que la conquête de Jérusalem par les Musulmans 457 ans avant le premier appel à la croisade, puisse être considérée comme effectivement le but initial de la première croisade ! Le pape Urbain II fit son appel à la croisade à Clermont en 1095. Mais cet appel correspondait plus à une réponse à la situation de l’empire byzantin, dont la moitié orientale avait été envahie par les troupes turques et les