Laurent Vinatier, Tchétchènes, une diaspora en guerre [Monde en migration], Paris, Petra, novembre 2013, ISBN : 978-2-84743-085-1
Le 8 mars 2005, lors d’une opération des forces russes de sécurité, Aslan Maskhadov, le commandant en chef de la résistance tchétchène séparatiste, président légitime élu en 1997 au cours d’un scrutin reconnu par la communauté internationale, est abattu dans le sous-sol d’une maison. Les autorités de Russie confisquent alors le corps, conservé dans un lieu tenu secret. Son fils, Anzor, réfugié à Bakou, réagit et s’engage dans un vaste mouvement de mobilisations politico-humanitaires au niveau international espérant ainsi forcer Moscou à revenir sur sa décision. Rien à ses yeux ne peut justifier que ce père, héros de la Tchétchénie indépendante, ne puisse se voir offrir des funérailles dignes sur la terre qu’il a honorée.
C’est le point de départ de l’ouvrage, écrit à la manière d’un essai narratif. La quête d’Anzor, à la fois personnelle et politique, se déploie au gré du parcours migratoire d’une poignée d’exilés. On suit plus particulièrement cinq jeunes hommes, entre 20 et 30 ans, issus de l’intelligentsia, en route entre la Russie qu’ils sont contraints de quitter et l’Occident qu’ils veulent intégrer. Au fil de courts chapitres, consacrés principalement à l’un ou à l’autre, leur trajectoire se dessine et leur vie nouvelle prend forme.
Laurent Vinatier est consultant et chercheur associé à l’Institut Thomas More (Paris). Docteur de l’Institut d’Études politiques de Paris, il a travaillé, sous la direction d’Olivier Roy, sur les processus de restructuration politico-identitaire au sein des communautés tchétchènes en exil après 1999. Spécialiste des affaires politiques internationales et plus particulièrement celles afférentes à l’ex-Union Soviétique, il est auteur de plusieurs ouvrages : L’islamisme en Asie centrale (Armand Colin, 2002), Russie l’impasse tchétchène (Armand Colin, 2007) et Russie : de Poutine à Medvedev (Unicomm, 2008). Il s’intéresse aujourd’hui aux réseaux salafistes globaux convergeant à l’heure actuelle vers la Syrie.