Festival Hidrellez (5 mai 2010)

FESTIVAL HIDRELLEZ

Le 5 mai 2010 – Parc d’Ahırkapı – Eminönü

Cette année, le festival Hidrellez a été « récupéré » par l’Agence 2010 et inclus dans son programme. L’objectif, selon l’Agence, serait de pouvoir adapter dans la culture urbaine les rituels de l’arrivée du printemps, rituels présents dans de nombreuses cultures. Toujours selon l’agence 2010, le projet doit être réalisé avec la coopération des secteurs publics, privés et locaux et des ONG. Ce festival aurait pour objectif d’encourager la collaboration de différents groupes sociaux de la ville et de mettre en scène Hidrellez, un patrimoine historique et social vivant.

Le programme du festival

16h45 : Ouverture du festival dans le square de Sultanahmet avec une « parade » de Sainte Sophie au parc d’Ahırkapı en compagnie du groupe de musique gypsy « Musician Squads ».

17h00 : Ouverture d’Hidrellez dans le parc d’Ahırkapı

20h00 : concerts

00h00 : Feu d’artifice Hidrellez

Organisation

Le festival de musique tsigane Hidrellez est organisé tous les ans, durant la première semaine de mai. Monsieur Zogo, propriétaire du grand hôtel Armada, est à l’initiative de ce festival.
Cette année, pour la 11ème édition,  le lieu a changé. Le festival s’est déroulé dans le parc d’Ahırkapı, au bord de la mer de Marmara, tandis que les années précédentes, il se déroulait dans les rues aux alentours de l’hôtel Armada. La raison de ce changement est certainement liée au manque d’espace dans les rues et au nombre toujours plus important de participants.

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L’origine de la festivité

Le festival Hidrellez célèbre l’arrivée de l’été et le « réveil de la nature ». Mais c’est aussi le jour où les prophètes Hizir et Ilyas se sont rencontrés sur la terre. « Hidrellez » serait ainsi une contraction des noms « Hizir » et « Ilyas ». Ce jour tombe aux environs du 5-6 mai. Il existe plusieurs théories sur l’origine de Hidrellez. Dans l’antiquité, lors de l’arrivée du printemps ou de l’été, des cérémonies et des rituels été organisés pour différents dieux en Mésopotamien, en Anatolie, en Iran, en Grèce et dans les pays méditerranéens orientaux. Hizir serait un prophète devenu immortel en buvant « l’eau de vie » (« ab-ı hayat »). Il aiderait les personnes en difficulté au moment de l’arrivée du printemps en distribuant abondance et santé. Au moment du feu d’artifice vers minuit, chacun peut attacher son vœu, écrit ou dessiné sur un papier, sur les arbres porte-bonheur (« nahil ‘s).

A la différence de la plupart des festivals français, Hirdellez est un festival gratuit, sans contrôle, où la consommation d’alcool est autorisée.

Il est financé en partie par l’hôtel Armada et différents sponsors comme Efes, Kavaklidere, des marques lessives et d’électro-ménanger, universités privées…

Le public présent semblait assez disparate : allant de quelques familles (certaines femmes voilées vendaient de la bière !) à un nombre considérable d’étudiants, turcs et étrangers. On a pu remarquer une certaine folklorisation de ce festival. En effet, beaucoup de femmes avaient des styles vestimentaires représentatifs de l’imaginaire tzigane (foulards, fleurs…), les hommes portaient des chapeaux… que les petits groupes de musiciens tziganes, eux-mêmes, ne portaient pas.

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Nous ne savons pas combien de personnes il a accueilli cette année. Toutefois, il semble que même le parc choisi pour accueillir un plus grand nombre de personnes cette année semblait trop petit pour contenir la foule (plus de 100 000 personnes). Ce parc, Ahirkapi, est situé non loin de Kumkapi, lieu traditionnel où les restaurants invitaient des musiciens tziganes pour divertir leurs clients. On peut donc penser que le choix de ce parc n’est pas un hasard, il joue un rôle dans l’imaginaire de la population stambouliote.

On a pu remarquer un certain contraste musical entre la grande scène avec des groupes internationaux et les petits groupes de musiciens plus traditionnels éparpillés dans le parc. D’ailleurs un certain nombre de personnes, en particulier des étrangers, ne savaient pas qu’il était d’usage de payer les petits groupes de musiciens tsiganes. Ceci met en avant la différence de perception vis-à-vis des tsiganes entre les pays d’Europe de l’Ouest, pour lesquels les tsiganes représentent un imaginaire lointain et les stambouliotes pour lesquels la culture urbaine tsigane est très présente.