Résumé Leila Karimifard

Dans mes recherches «le patrimoine invisible et espace public en Iran» basé sur le patrimoine urbain, à travers des enquêtes de terrains et des analyses de discours des spécialistes, j’ai redéfini la notion du patrimoine dans les villes iraniennes et proposé une nouvelle classification des valeurs patrimoniales en complément  à celle proposée par l’UNESCO.   
Cette nouvelle classification prend en compte non seulement le patrimoine immatériel (la musique, les traditions orales etc.), mais aussi le patrimoine «émotionnel» et «sensible» qui correspond à une relation sans intermédiaire entre la personne et l’objet patrimonial et qui n’est pas mesurable par des méthodes quantitatives et des enquêtes de terrain.  Ces valeurs peuvent être classées sous forme de croyances religieuses et mystiques, les traditions et les coutumes, les sentiments et les émotions ressenties.  
Cet exposée se focalise sur la relation entre le patrimoine « sensible »  et l’espace. J’examinerai à quel point ce patrimoine peut agir sur l’urbain et sur la mémoire collective. Je m’appuierai sur les rituels (manifestations d’ordre religieux, politique et traditionnel) comme patrimoine invisible se déroulant chaque année sur plusieurs lieux de Téhéran.  
En Iran, non seulement certains de ces rituels populaires n’ont pas disparu mais au contraire jouent aujourd’hui un rôle important dans le paysage urbain au niveau symbolique et stratégique. Ces rituels sont de natures variées et produisent des espaces très différents dans la ville. Je choisis de travailler sur 2 rituels populaires représentant des moments forts dans la vie des citadins au niveau identitaire et social. Les espaces dans lesquels ces rituels se réalisent sont devenus porteurs de mémoire collective et lieux d’émotions éprouvées par tous à chaque fois. Mes études portent spécifiquement sur la cérémonie d’Ashura (deuil du 4ème imam des shiites) et le rituel de sizdah bedar (13 ème jour de l’année persane).
Ces deux manifestations ont un effet très marquant sur les espaces publics de la ville.
L’étude de ces événements dans l’espace urbain permettra d’observer d’une part les transformations spatiales et architecturales à travers le temps (forme, fonction, mobilier, paysage urbain,…), les modes de vies, les rapports sociaux et les changements sociaux  et les nouvelles pratiques socio spatiales.  
Nous Considérons que ces lieux de célébration, le décor architecturale et les trajets de défilés constituent en soi un patrimoine urbain important et permet de regarder la ville et sa conception à travers ces événements. Qu’ils se manifestent d’une manière obligatoire, nécessaire ou souhaités, ils créent des pratiques exceptionnelles qui témoignent de nouveaux comportements qui se transforment en une mémoire collective.
La question principale étant de comprendre comment ces événements en s’imposant à la ville et à son architecture et deviennent marqueur des valeurs de la société et contribuent à valoriser les coutumes en tant que pratiques collectives et à les préserver comme un héritage culturel.