La victoire du Japon sur la Russie en 1905 a suscité dans les pays colonisés ou dominés un mélange d’enthousiasme et d’espoir. L’événement montrait que l’Europe n’était pas invincible, et que l’on pouvait espérer se débarrasser de sa domination dans un avenir plus ou moins proche. Ce sentiment était particulièrement puissant parmi les musulmans, notamment les musulmans de Russie et les Turcs ottomans, ennemis héréditaires de des tsars. C’est dans ce contexte qu’un ouléma tatar, Abdürrecid Ibrahim, voulant percer à jour le secret de la puissance nippone, se rendit au Japon au cours d’un long voyage en Asie entrepris en 1908-1910.