Institutions, acteurs et pratiques
La justice dans la société ottomane était pratiquée au sein d’une configuration complexe, faite de l’interaction de différentes institutions, références judiciaires (chéria, kanun, coutumes) ou acteurs et donnait lieu à une multiplicité de pratiques différentes. Les personnes qui étaient en désaccord, voire impliquées dans un conflit, disposaient de plusieurs voies alternatives pour résoudre leur différend. A l’échelle de l’Empire il y avait les tribunaux des cadis auxquels les sujets (musulmans ou non) pouvaient s’adresser mais ceux-ci ne représentaient pas la seule institution ou instance distribuant les droits ou sanctions parmi les sujets. Il y avait par ailleurs le divan impérial ou bien les autorités des différentes communautés religieuses ou professionnelles, auquel les personnes pouvaient faire appel en cas de conflit. Et le pouvoir judiciaire ou exécutif des uns (tel les cadis) pouvait être corrigé, complété ou bien contre balancé par celui des autres (tel les vali, le şeyhülislam ou les muftis).
L’objectif de ce séminaire est de contribuer à une meilleure compréhension de l’interaction de ces différentes institutions et acteurs lors des processus de réconciliation entre individus ou bien au cours de l’établissement de la justice en générale. A travers l’intervention d’historiens travaillant sur différents aspects du fonctionnement de la justice au sein de la société ottomane, nous souhaitons avoir de nouveaux éclairages sur le déroulement des pratiques relatives au procédures juridiques, punitives ou bien réconciliatrices. L’interaction entre les tribunaux des cadis et les divans des gouverneurs ou bien du divan impérial nous intéressera particulièrement à cet égard mais aussi la place faite aux opinions des juristes (tel les muftis), tout au long des processus de la réconciliation. Les pratiques judiciaires qui étaient opératoires hors des institutions feront également partie de notre discussion. Qu’il s’agisse des pratiques punitives (kan davası) ou bien réconciliatrices (telle la pratique du sulh), c’est encore une fois l’interaction entre ces différentes sphères de justice, qu’ils soient « informelles » ou bien plus institutionnalisées qui retiendra notre attention.
Séances passées :
- mardi 8 mars 2011 : Juliette Dumas (EHESS - IFEA)
"European Embassies before the Ottoman Judge: issues and strategies"
- mardi 15 février 2011 : Alp Yücel Kaya (Université Technique d'Istanbul)
"19. Yüzyıl Osmanlı İmparatorluğu’nda Mülkiyet İhtilafları ve Sulh Mahkemelerinin Kurumsallaşması"
- mardi 11 janvier 2011 : Suraiya Faroqhi (Université de Bilgi)
"Ottoman kadis acting as notaries in state-enforced dispute resolution between villagers and nomads"
Voir la vidéo-conférence : VIDEO
- mardi 14 décembre 2010 : Yavuz AYKAN (EHESS / Université de Münich)
"Les absents, les muftis et les conflits juridiques"
Voir la vidéo-conférence : VIDEO
- mardi 2 novembre 2010 : Işık TAMDOĞAN (CNRS)
"La réconciliation devant et en dehors du tribunal du cadi : le cas des accords à l'amiable (sulh)"
Voir la vidéo-conférence : VIDEO