Franck Mermier, "Le qât au Yémen, profiteur de guerre", in A. Stella, A. Coppel (dir.) Vivre avec les drogues, Paris, Pepper 2021. ISBN : 978-2-343-23390-1. https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=70077.

Vivre avec les drogues, apprendre à les connaître, maîtriser leurs usages.Tel est le fil rouge de cet ouvrage collectif, issu de séminaires tenus à l'EHESS.Depuis cent ans, les politiques publiques en matière de drogues sont fondées sur la prohibition. Pourtant, la légalisation des drogues est aujourd'hui en marche. Aussi, les frontières entre drogues légales et illégales sont de moins en moins nettes. En France, les consommateurs quotidiens de benzodiazépines prescrits, mais aussi d'alcool et de tabac - se comptent par millions. Drogues et drogués sont donc parmi nous : pour se soigner, ou pour prendre du plaisir, la demande de psychotropes n'est pas près de baisser.Dès lors, réfléchir à un nouveau cadre pour la production, la distribution et la consommation de ces substances s'avère nécessaire.

Carsten Niebuhr et Forskál auraient été les premiers Européens à décrire et à goûter le qât, cette plante euphorisante qui est aujourd'hui consommée, l'après-midi, par une grande partie de la population adulte du Yémen. Le botaniste Forskál qui mourut au Yémen en 1763 lui donna son nom scientifique de Catha edulis et en fit une étude détaillée dans son ouvrage posthume publié en 1775. Cette plante revêt une importance sociale, économique, politique et culturelle cruciale dans la société yéménite. Le qât est ainsi devenu indissociable des représentations du Yémen tant son usage s'est répandu dans toutes les couches de la société durant ces dernières décennies, ainsi que dans toutes les régions du pays après la proclamation de l'unité des deux Yémen en 1990.