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Les lettrés byzantins, clercs et laïcs, percevaient la guerre comme l’œuvre du diable, à laquelle l’empereur ne devait se résoudre qu’en ultime recours, lors d’une invasion du territoire de l’empire. Au XIe siècle, un rhéteur souligne ainsi que l’empereur doit agir envers les barbares par la persuasion, plutôt que par la violence et la guerre. Dans cette conception, qui ne justifiait théoriquement que les guerres défensives, les lettrés valorisaient la maîtrise d’un savoir technique, la stratégie et la tactique, qui étaient censés distinguer les Byzantins des Barbares. Si la notion de guerre sacrée, connue dans les pays d’Islam et dans l’Occident latin, n’a jamais réussi à s’imposer durablement à Byzance, l’armée devait toutefois être l’objet constant de la sollicitude impériale, et l’entretien des troupes était un souci permanent de l’administration byzantine. Pour Constantin VII (913-959), ”l’armée est à l’État ce que la tête est au corps, si bien que l’ensemble évolue nécessairement de concert”. Entre le Xe et le XIIIe siècle, la guerre fut l'affaire exclusive de l'État et dut être menée sur deux fronts, en Orient et en Occident. Les modalités de la guerre, les enjeux et le théâtre du conflit évoluèrent. En Orient, on passa, entre 950 et 980, d’une guérilla qui se pratiquait en rase campagne à la conduite de grandes expéditions impériales, qui aboutirent à l’extension territoriale de l’empire et à la réorganisation des frontières. Dans les Balkans, la construction d’un réseau de petites cités fortifiées permit de contrôler durablement l’espace compris entre l’Adriatique et la Mer Égée. À ces modifications des pratiques de la guerre répondit un renouvellement de la pensée militaire byzantine au Xe siècle. Les traités des stratégistes de cette époque témoignent des changements tactiques survenus : l'infanterie fut principalement utilisée de façon défensive (protection de la marche de l'armée, garnison des forteresses) et joua désormais, lors d'une bataille, un rôle de soutien pour la cavalerie. La guerre de siège devint un élément essentiel de la stratégie adoptée par les Byzantins. L’évolution de la tactique s’accompagna d’une adaptation des remparts aux nouvelles conditions de la guerre. Des innovations dans les systèmes de défense et d’attaque des remparts peuvent être repérés, entre le Xe et le XIIIe siècle, aussi bien dans les traités de poliorcétique que dans les systèmes fortifiés conservé.