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La bibliothèque et l'atelier de cartographie sont ouvert sur rendez-vous

            Au pied d’un rempart rythmé de tours nombreuses, développant plus de 5,5 kilomètres de courtine, présentant une hauteur pouvant dépasser les 12 mètres, le propos est d'acquérir une image fiable et numérique qui puisse servir de cadre à toutes sortes d’études (architecturales, historiques, épigraphiques…).
            Pour réaliser ce projet, nous avons choisi d'utiliser la « photogrammétrie[1] ». Il s'agit d'une technique de relevé numérique qui permet d'obtenir des informations fiables sur un objet d'étude par l'enregistrement, la mesure et l'interprétation d'images photographiques. Ainsi avec l'utilisation exclusive de la photographie, il est possible d'obtenir différents résultats allant de la restitution 2D (orthophotographie) à la reconstruction 3D (nuages de points, maillages polygonaux, ...). Elle permet aujourd'hui d'égaler de manière peu onéreuse des appareils de relevé comme les lasers, avec un niveau de précision supérieur en termes d'informations collectées, de rapidité, et de mise en œuvre.
 
Avec un objet aussi complexe et un environnement aussi difficile, la muraille de Diyarbakır est un terrain suffisamment exigeant pour faire de lui un lieu privilégié de l’expérimentation de ces méthodes d'acquisitions. Même si la photogrammétrie connaît des avancées considérables, elle ne reste encore utilisée qu'à des échelles de faible ampleur. En effet, les tentatives d’enregistrer un élément aussi imposant sont très peu nombreuses. De ce fait, outre l'obtention d'une documentation de l'état actuel de la muraille de Diyarbakır, un des enjeux majeurs dans ce projet est de mettre en place une méthodologie d'acquisition à cette échelle.
 
               Au mois de juin dernier, l’équipe AMIDA a mis à profit ces techniques d'acquisitions numériques, non seulement pour réaliser une action de «sauvegarde par l’image» de cet ensemble patrimonial exceptionnel, mais encore pour établir des documents analytiques réunissant les conditions d’une étude architecturale fine. Pour ce faire, grâce à la puissance de l'informatique et avec ce seul outil qu'est la photographie, nous nous sommes concentrés sur la réalisation d'«orthophotographies» : il s'agit d'images redressées géométriquement de façon à éliminer toutes déformations perspectives, de sorte que chaque point de l'image puisse être superposé à des documents tels que des plans, des coupes et des élévations. Ces images, en restant, comparables, après ajustements, à un relevé classique, offrent des informations métriques précises et permettent d'obtenir l'ensemble des éléments visuels de la muraille tels que les matériaux employés, les dégradations, les altérations des matériaux, etc.
 
T62orthozoom        Cette première mission de relevé est conçue comme première expérimentation. En effet, au vu de la complexité morphologique de la muraille, et de son environnement (végétations abondantes, habitations attenantes, ...), il était impossible de la traiter entièrement en une seule mission. Ainsi, durant le temps imparti, quelques 8500 photographies, permettant l'enregistrement des deux-tiers de la muraille, ont été réalisées. Un travail de relevé à également été effectué sur les fronts d'exploitations de carrières de basaltes dans lequel est construite la muraille.
 
 
 
Ci-dessus l'orthophotographie de la tour n°62 et détail de l'inscription  en coufique fleuri
du Merwanide Abu Nar Ahmad (426/1034-5)
 
               À partir de ces résultats, la mise en œuvre d'une base de données virtuelle, où chaque élément, ou groupe d’éléments, constituant la muraille est géo-référencé dans un Système d'Information Géographique (SIG), est en cours. Elle permettra ainsi de manier des informations aussi nombreuses que celles de la répartition des matériaux ou du vocabulaire architectural utilisés. Elle favorisera l'élaboration d'hypothèses de restitutions historiques sur base de modélisations 3D, et par tant, toutes démarches de restauration, de consolidation ou de mise en valeur patrimoniale du site.

     1 - Le terme « relevé photogrammétrique » est ici simplifié : il faut comprendre « photogrammétrie à courte portée », qui englobe tout les projets dont les images ont été prises à proximité de l'objet d'étude, que ce soit à partir du niveau du sol, sous l'eau ou encore à partir d'appareils (ballon, cerf-volant, drone), et non pas « photogrammétrie aérienne ».