Mobilité Turquie-France

La Fondation Maison des sciences de l’homme, en partenariat avec l'FEA, propose des aides à la mobilité pour des séjours en France de 2 à 3 mois aux chercheur.e.s postdoctorant.e.s turc.que.s ayant soutenu leur thèse en SHS à partir de 2016.

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La bibliothèque et l'atelier de cartographie sont ouvert sur rendez-vous

L’hippodrome était un monument essentiel de la capitale byzantine, et il l’est resté sous les Ottomans. L’endroit a d’ailleurs gardé sa forme jusqu’à maintenant et quelques monuments byzantins y sont encore en place. C’est donc un lieu d’une grande continuité dans la ville depuis sa construction sous Septime Sévère jusqu’à nos jours.

L’hippodrome faisait partie du palais impérial — qui occupait l’emplacement de Sultanahmet — auquel il était relié par une tribune du haut de laquelle l’empereur assistait aux courses. L’hippodrome fut ainsi dès sa création un endroit de divertissement : des courses de chevaux s’y déroulaient, entrecoupées d’intermèdes, tels que chants, danses et acrobaties. Mais il fut aussi, surtout dans la première partie de son histoire, jusqu’au VIIIe siècle, un espace politique où le peuple pouvait s’adresser à l’empereur, toujours présent aux courses, le dialogue étant parfois houleux et pouvant dégénérer en émeute comme le montre l’exemple de la sédition Nika en 532. Au VIe siècle, la division des équipes de cochers en « couleurs », les Verts et les Bleus, devint même une division politique et les affrontements entre membres des « couleurs », des jeunes gens surtout, ont rythmé la vie de l’Empire.

L’hippodrome est d’abord un bâtiment dont les fondations sont énormes puisqu’il a fallu corriger la déclivité  de la pente au nord de l’édifice : elle sont encore visibles. Si les gradins qui entouraient la piste, longue d’environ 450 mètres, ont disparu, ainsi que la tribune impériale, la séparation centrale ou spina (épine) garde quelques-uns des monuments qui la décoraient : l’obélisque de Théodose, dont la base représente les empereurs assistant aux courses, la colonne serpentine, monument célébrant la victoire des Grecs sur les Perses à Platées (478 av JC) et représentant 3 serpents entrelacés supportant sur leurs têtes un trépied d’or, aujourd’hui disparu, l’obélisque de maçonnerie.

L’organisation des courses à la période médiobyzantine est bien connue parce qu’elle a été décrite en détail dans le Livre des Cérémonies, compilé par ou pour l’empereur Constantin VII (913-959) : on peut ainsi savoir quand avaient lieu les courses, quel était leur déroulement, quel personnel était au service des cochers et des coureurs, de l’entretien de la piste etc... Les courses étaient fréquentes, même si la christianisation de l’empire avait entraîné un aménagement du calendrier des jeux : elles étaient suspendues durant les Carêmes précédant Noël et Pâques, et reprenaient solennellement après Pâques lors des Courses d’Or, mais fêtaient aussi des fêtes chrétiennes comme Noël. Elles avaient lieu aussi pour fêter des événements dynastiques (mariage ou naissance d’un empereur) et lors de la grande fête de la Ville, le 11 mai, où était fêté son ‘anniversaire’, c’est-à-dire la commémoration de l’inauguration de Constantinople par Constantin Ier le 11 mai 330. Le déroulement des courses était minutieusement réglé et les vainqueurs avaient, au moins jusqu’au VIIIe siècle, droit à l’érection de statues — dont certaines sont aujourd’hui au Musée Archéologique d’Istanbul — et au chant d’acclamations en leur honneur.

Ces différents aspects de l’hippodrome, architectural, festif, cérémoniel et politique seront abordés durant la conférence où l’on montrera aussi l’évolution de l’usage de l’hippodrome au cours des onze siècles byzantins, d’un espace ouvert à la contestation à un espace entièrement réglé par le cérémonial impérial.