Mobilité Turquie-France

La Fondation Maison des sciences de l’homme, en partenariat avec l'FEA, propose des aides à la mobilité pour des séjours en France de 2 à 3 mois aux chercheur.e.s postdoctorant.e.s turc.que.s ayant soutenu leur thèse en SHS à partir de 2016.

Bibliothèque

La bibliothèque et l'atelier de cartographie sont ouvert sur rendez-vous

Rédigé par Cilia Martin et Clémence Petit. Vidéo Julien Paris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Compte-rendu et vidéo de l'excursion urbaine du 31 janvier 2011 :

 

 

TOKI au service des « banlieues de l’Islam »

 

Stratégies de déconcentration aux périphéries, aux dépens du foncier public.

 

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Le premier arrêt s’est effectué, juste au sortir du TEM (deuxième périphérique autoroutier), dans le quartier de Gazi, ancien quartier de gecekondu jadis réputé pour abriter des organisations d’extrême gauche et une importante communauté alévie. Profitant des nombreuses amnisties votées dans les années 1980-1990, les habitants ont progressivement remplacé leurs gecekondus par des immeubles de 5 ou 6 étages, ce qui a conduit à la verticalisation du quartier. Gazi a aussi été rendu célèbre par la médiatisation d’émeutes qui ont éclaté dans le quartier en mars 1995 en réaction à des provocations des forces occultes de l’ "Etat profond" causant des dizaines de morts. Suite à ces événements, les pouvoirs publics ont cherché à normaliser la situation en construisant un axe routier qui ceinture le quartier ainsi qu'un mall aujourd’hui en chantier.

 

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Les Avrupa Konutları, construits par Toki entre 2008 et 2010 font face aux immeubles et aux quelques gecekondus résiduels

 

Sur la route historique d’Edirne Asfaltı, dans le nouvel arrondissement d’Arnavutköy, la cité MILKENT est un projet initié par la mairie qui propose pour la somme de 150 000 USD des appartements permettant aux heureux acquéreurs de vivre en communion avec la nature sans sacrifier leur confort.

 

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Non loin de là, à 30 kilomètres de Sultanahmet, le projet social réalisé par TOKI ‘Taşoluk konutları’ était à l’origine destiné à accueillir des populations vivant auparavant dans la péninsule historique, dont le quartier a fait l’objet d’une opération de transformation urbaine. 360 de ces logements étaient réservés aux anciens habitants de Sulukule qui possédaient un titre de propriété. Toutefois, les populations doivent disposer d’un revenu mensuel régulier suffisant leur permettant de s’acquitter des mensualités du crédit mis en place par TOKI, chaque logement coûtant au total 10 000 euros.  De plus, le trajet de Taşoluk à Sultanahmet en mini-bus et tramway dure une heure et demi environ et peut coûter jusqu’à 200 lires par mois. Aujourd’hui, il ne reste plus que six familles originaires de Sulukule. Les autres, qui continuaient à se rendre chaque jour dans la péninsule, ont revendu leur logement et louent désormais une chambre dans un des quartiers voisins de Sulukule. Il ne reste que 5 familles relogées à Taşoluk, sur les 360 initialement.

 

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Le paysage illustre un isolement géographique et social qui contraste avec le paysage de la péninsule historique. 

 

Au bout de la route de Taşoluk, se dresse la mosquée de Taşoluk Yeşil Camii. Cette mosquée, liée à la confrérie Nakşibendis, est un élément clé du projet imaginé par les élus du parti du Refah (ancêtre de l’AKP) dès leur accession à la municipalité du Grand Istanbul en 1994. Effectivement, avec ses six minarets et sa capacité de 12 000 fidèles, elle concurrence la grande mosquée Sultanahmet. Elle symbolise ainsi la volonté des édiles locaux de faire de Arnavutköy – promu arrondissement en mai 2008 - un nouveau pôle d’un Istanbul plus religieux.

 

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Ce grand projet de ‘banlieue de l’Islam’  - selon la terminologie du Refah en 1994 - s’illustre aussi d’une certaine manière dans le chantier de construction de TOKI à Kayabaşı. L’objectif est d’accueillir une partie de la population de la péninsule historique dans le cadre d’un projet de déconcentration et de touristificatrion du centre historique d’Istanbul. En effet, ce complexe résidentiel comptera 60 000 logements, ou 1/3 des logements de la péninsule historique. Il renferme une mosquée, une école primaire, secondaire et un mall.  Enfin, il offre une diversité de logements exclusivement destinés à la vente. Les personnes relogées se verront proposer un logement à 20 000 lires tandis que les potentiels propriétaires devront débourser la somme de 35 000 lires.

 

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La visite se conclut par une traversée de la ville nouvelle de Başakşehir, premier jalon du projet de “cité de l’Islam” dont la première phase a été réalisée en 1996 par KİPTAŞ (entreprise de construction liée à la municipalité métropolitaine d’Istanbul). Parmi les derniers développements de la cité, on trouve des logements construits par OYAK, entreprise de construction de l’armée qui diversifie ses activités en construisant pour la première fois des logements destinés aux civils. L’extension rapide de Başakşehir menace les gecekondus alentours de Şahintepe, ainsi que les logements à caractère social réalisés à la fin des années 1990 pour les immigrés de Bulgarie et les victimes du tremblement de terre de 1999.

 

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