Mobilité Turquie-France

La Fondation Maison des sciences de l’homme, en partenariat avec l'FEA, propose des aides à la mobilité pour des séjours en France de 2 à 3 mois aux chercheur.e.s postdoctorant.e.s turc.que.s ayant soutenu leur thèse en SHS à partir de 2016.

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Silvia Serrano (Université d'Auvergne)
Religion et politique en Géorgie postsoviétique
vendredi 24 mai 2013 à 18h à l'IFEA 

Affluence dans les églises, présence systématique de représentants des autorités lors des cérémonies religieuses, saturation de l’espace public par des édifices culturels ou de symboles religieux : tels sont là quelques signes d’une importance accrue de l’orthodoxie en Géorgie. Mon propos est d’interroger cette effervescence, particulièrement forte en comparaison avec les autres Etats du Caucase du Sud, en tentant de comprendre non seulement les processus rationnels et délibérés dans lesquels s’engagent les élites à des fins politiques - « l’instrumentalisation » du religieux-, mais également les configurations structurelles et historiques qui placent l’orthodoxie au cœur de l’expression publique du politique.

Les études sur le religieux au Caucase restent dominées par le prisme de la « menace », principalement quand il s’agit de l’islam, ou, en contexte chrétien, par le caractère supposé intrinsèque de la subordination des Eglises au pouvoir séculier. Aussi sont-elles restées à l’écart des recherches sur les liens entre les processus de démocratisation et la montée en puissance des acteurs religieux, tels que mis en exergue sur d’autres terrains (Afrique subsaharienne, monde arabe, etc.). Mon objectif est d’appréhender les dynamiques de politisation à l’œuvre à travers le religieux en Géorgie postsoviétique.

Je partirai du trait le plus saillant, la visibilité des nouvelles formes de religiosité orthodoxe dans l’espace public, pour montrer comment l’orthodoxie est mobilisée dans la construction de deux types d’identités politiques, une identité « nationale » et une identité que j’appellerai « populaire », au détriment des autres cultes historiquement présents. D’une part, elle est au cœur de la reformulation d’un nationalisme religieux, dans un contexte dans lequel l’Eglise orthodoxe de Géorgie est appelée à défendre sa place sociale et symbolique alors même que les évolutions vers le pluralisme sont un défi à sa position monopolistique. D’autre part, différents acteurs sociaux se saisissent de l’orthodoxie pour introduire des clivages, non pas selon des fractures religieuses, mais au contraire éminemment politiques. L’orthodoxie est aussi ce qui permet de s’opposer à un discours et à des politiques élitaires, libérales, souvent antisociales, qui mettent à mal une part importante de la population.

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