Mobilité Turquie-France

La Fondation Maison des sciences de l’homme, en partenariat avec l'FEA, propose des aides à la mobilité pour des séjours en France de 2 à 3 mois aux chercheur.e.s postdoctorant.e.s turc.que.s ayant soutenu leur thèse en SHS à partir de 2016.

Bibliothèque

La bibliothèque et l'atelier de cartographie sont ouvert sur rendez-vous

Burcu Selcen COŞKUN, McF. Dr.
Université de Mimar Sinan Güzel Sanat, Istanbul, Turquie

          

             Les politiques de protection du patrimoine  sous l’auspice de l’Etat qui commencèrent avec l’ère des Tanzimat et continuèrent, après la déclaration de la République turque, jusqu’en 1950. Durant cette période, la tendance était de faire vivre les monuments considérés comme partie intégrante du patrimoine en les protégeant tout en leur donnant une fonction précise. Au cours des premières années de la République, les institutions héritées de l’Empire ottoman furent maintenues ainsi que les monuments du patrimoine choisis pour correspondre au contexte général de l’idéologie de l’Etat-nation. Les efforts commencés par l’Etat aux cours de ces années ne se sont pas perpétués après 1930.

                Jusqu’en 1950, on ne trouve en effet aucune institution chargée de surveiller et de diriger les politiques du patrimoine. Ce n’est qu’en 1951, quand on commenca à ressentir la nécessité d’une telle institution que le GEEAYK fut créé dans le but d’établir les bases d’une politique du patrimoine à l’échelle nationale, afin de protéger et de mettre en pratique des projets de mise en valeur du patrimoine. Le GEEAYK perdura jusqu’en 1983 et fut alors remplacé, par la loi 2863 sur la Protection [du Patrimoine] par la Direction générale de la protection du patrimoine culturel et naturel. Dans les années 2000, en particulier grâce au changement de la loi 5226, les administrations locales purent faire entendre leur voix dans les processus décisionnels des  politiques du patrimoine plus distinctement que dans le passé. De plus, face aux difficultés connues par les projets de restauration et à la nécessité de créer des infrastructures institutionnelles compétentes dans le domaine, des comités scientifiques spécialisés dans les questions de protection du patrimoine virent le jour.

                Malgré le rôle décisionnel écrasant de la Haute Commission et des autorités locales en charge du patrimoine, aujourd’hui encore, l’anarchie qui règne dans les institutions chargées de la mise en pratique des décision de protection, la rotation continuelle de leur personnel et les difficultés de coordination entre ces différentes institutions ont des conséquences néfastes sur les questions de conservation.

                Pendant des siècles, l’église Sainte Sophie a été le principal lieu de culte, d’abord chrétien puis musulman, à Istanbul. Cet édifice byzantin aux nombreuses strates a été transformé en musée, en 1935, par décision du Comité ministériel, et a connu dès lors plusieurs périodes de restauration. Au cours de ces différentes périodes, les travaux ont été dirigés par des équipes internationales spécialisées dans les questions de restauration.

                La Mosquée de Fatih, quant à elle, important symbole de la religion musulmane pour la société stambouliote, a toujours fait l’objet d’un intérêt particulier. La communauté de fidèles et les associations reliées à la mosquée ont joué un rôle important dans les décisions prises pour la conservation du monument.

                De nos jours, les processus de conservation et de restauration de ces deux monuments, dont la place dans la mémoire collective est primordiale, sont  gérés principalement par deux institutions différentes. Les grands projets de restauration qui ont été mis en pratique pour ces deux monuements sont le reflet des tendances et problèmes que connaît plus généralement la Turquie dans le domaine de la protection du patrimoine.

                Dans ce papier, nous proposons de faire, dans un premier temps, le point sur le rôle tenu par les Comités de protection du patrimoine depuis la création de la République turque jusqu’à nos jours. Puis, nous ouvrirons le débat sur l’étude des différentes périodes de restauration qu’ont connu l’église Sainte Sophie et la Mosquée de Fatih, deux des principaux symboles d’Istanbul.